On a beaucoup reparlé de la bulle immobilière cette semaine. Les prix des logements anglais et chinois amorcent leur chute, faisant craindre l'écroulement du marché. Cependant certains analystes temporisent, en mettant en avant les efforts de la banque centrale anglaise et la disparité du marché chinois. Pendant ce temps, le secteur de la construction reprend des couleurs aux États-Unis, alors qu'en France on s'avance vers un énième plan de relance. Chute des prix de l'immobilier anglais Danger en Angleterre ? Pour le 2e mois consécutif, le prix du m² britannique a perdu en moyenne -2,9 % au mois d'août. Il semble que les Anglais vendent leurs biens de peur de l'explosion d'une bulle immobilière. Interrogé par le quotidien Atlantico.fr, le directeur des études économiques de Natixis Asset Managment, M. Philippe Waechter avertit mais temporise. Selon M. Waechter , « le marché britannique est cher mais il n'est pas uniforme ». En réalité les prix ont surtout percuté à Londres, car la capitale et sa région sont vecteurs d'emplois et d'activités économiques. Les mouvements de population y sont forts, et les les logements sont très demandés. Il en résulte que la dette moyenne du marché correspond à 140 % des revenus disponibles, et surtout, elle est à taux variable. Une remontée des mensualités plongerait un certain nombre de ménages dans l'incapacité de rembourser leurs prêts immobiliers. La banque d'Angleterre veille, mais cela suffira-t-il ? M. Waechter explique que la reprise économique anglaise a été utilisée en partie sur l'endettement immobilier. Si la banque d'Angleterre venait à augmenter ses taux d'intérêt, la conséquence pourrait être une hausse des mensualités. Pour rappel, les taux variables sont généralement indexés sur l'EURIBOR, qui est le taux auquel les 50 plus grandes banques européennes se prêtent entre elles, sans garantie. Dès lors que la banque d'Angleterre augmente son principal taux directeur, les banques sont obligées de se prêter plus cher entre elles. L'effet est donc une augmentation des mensualités des emprunteurs, avec les risques de défaut induits. Baisse des prix de l'immobilier en Chine Des signes inquiétants pour les professionnels Les prix du m² des logements chinois ont baissé pour le 3e mois consécutif. Après un ajustement constaté au sein de villes de second et 3e rang, c'est au tour de Pékin et Shanghai d'être touchés. À Pékin, le prix du m² a baissé de -1 % en un mois, ce qui ne s'était pas vu depuis 2 ans. Dans les 70 principales villes chinoises, le prix des logements a baissé de -0,9 %. Ces chiffres ne seraient pas alarmants, n'eût été le commentaire d'un économiste spécialisé dans l'immobilier chinois, M. Ye Tan, cité par LeFigaro.fr. Il estime que « les Chinois ont perdu confiance dans l'immobilier, ils investissent ailleurs ». Voilà qui ne va pas arranger les affaires des promoteurs spécialistes en cités champignons. Bulle immobilière en vue ? Le problème de l'immobilier chinois, est qu'il représente 15 % du PIB. Une baisse d'1 % des prix du m² pourrait avoir des répercussions importantes sur la 2e économie mondiale. Pour preuve, les promoteurs « de taille moyenne », tels que China Overseas Grands Groups, subissent une perte de chiffre d'affaires (-31 %) sur 6 mois. Cependant les analystes temporisent. Un cabinet d'investissement de Hong Kong, toujours cité par LeFigaro.fr, estime que l'immobilier chinois est très déséquilibré, tout comme les logements en Europe. Les régions connectées par un bon réseau de transport survivront, et à défaut de bulle immobilière, on devrait observer un ajustement à la baisse. L'immobilier américain se porte bien La construction redémarre aux USA Le site tempsréel.NouvelObs.com nous apprend qu'un tiers des Américains âgés de 18 ans à 36 ans vit encore chez ses parents. Si ce chiffre inquiète la directrice financière du géant américain du bricolage, Home Depot, il indique pourtant le potentiel de ventes immobilières. Les autorités américaines ont accordé plus de permis de construire (+8,1 %), correspondant à 1,052 logements en perspective. Les mises en chantier ont bondi de +15,7 % en juillet, ce qui a eu pour effet de doper Wall Street. Des signes encourageants, mais il faudra attendre Le géant du bricolage Home Depot a annoncé un bénéfice net en hausse de 14,2 % sur les 3 derniers mois. Il s'agit d'un indicateur encourageant, qui pourrait annoncer la reprise du marché immobilier américain. Cependant l'heure n'est pas encore à la fête, tout juste à l'optimisme. Le nombre de logements vendus est certes en augmentation de +1,1 % en avril et en mai, cependant il semble que les ventes ont diminué depuis. Aux États-Unis comme en France, les taux de prêt immobilier sont au plus bas, grâce à une politique inflationniste maîtrisée par la Federal Reserve. Cependant si les prix du m² continuent leur tendance à la baisse, il faudra une augmentation des salaires pour faire véritablement démarrer le marché de l'immobilier. Relance de la construction en France ? Les mesures préconisées par les professionnels Les mesures préconisées par les professionnels pour relancer le secteur de la construction, tournent sans surprise autour de la fiscalité. Le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Jacques Chanut, a appelé le gouvernement à mettre en place une « carotte fiscale » au micro de BFM business. Ces mesures existent déjà, il s'agit de la loi Duflot pour la location vide, et de la loi Censi-Bouvard pour l'investissement en résidence de service. M. Chanut apporte toutefois une proposition nouvelle. Il préconise de donner la possibilité aux investisseurs de louer aux ascendants et descendants, tout en bénéficiant de la remise d'impôt. Aujourd'hui, la défiscalisation en loi Duflot n'est possible que si le locataire n'est pas membre du foyer fiscal de l'investisseur, et n'est pas non plus un ascendant ou un descendant. Un plan de relance bientôt annoncé par le M. François Hollande Interrogé par le journal Le Monde en milieu de semaine, le Président de la république M. François Hollande, a annoncé l'arrivée d'un plan de relance de la construction. Au menu : fiscalité, financement et procédures. Ces thèmes font certainement l'unanimité chez les professionnels de l'immobilier, qui déplorent les complications administratives de la loi ALUR. Le secteur devrait bénéficier d'un élargissement du zonage géographique, et d'un assouplissement du PTZ+. Si l'on considère que la France dépense 45 milliards d'euros d'aide au logement, on ne peut que constater la rentabilité d'une relance de la construction. Atteindra-t-on finalement l'objectif des 500 000 logements par an, comme promis ? Rendez-vous dans 1 an pour faire le point.