Le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) s’est réuni mi-septembre pour faire le point sur la situation du marché du crédit immobilier. Ils ont statué sur l’impact du Covid-19 sur ce marché. Et le constat est sans appel : il n y aura pas d’assouplissements des recommandations pour les prochains mois. De ce fait, les recommandations restent les mêmes : une durée de crédit qui ne peut excéder 25 ans et un taux d’endettement maximal qui ne doit pas dépasser les 33%. Ce qui exclut encore une partie des emprunteurs et qui empêche les ménages les plus modestes à l’accession à la propriété. Des conditions d’octroi de crédit renforcées depuis près de dix mois Lors de sa réunion mensuelle, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) a rappelé ses recommandations du 20 décembre 2019 en matière d’octroi de crédit. Tous les professionnels du secteur espéraient un assouplissement afin de pouvoir relancer un peu plus le marché immobilier. Mais le HCSF ne démord pas et continue sur sa lancée. Il se justifie ainsi : « Les risques pour la stabilité financière se situent toujours à un niveau élevé, en raison de l’impact durable de la crise sur le bilan des acteurs financiers et non financiers ». De ce fait, les banques doivent continuer d’appliquer strictement des mesures qui excluent un certain nombre d’emprunteurs. Ainsi, la durée de prêt doit être limitée à 25 ans le taux et l’endettement doit être inférieur à 33 %. Ceci freine bien évidemment l’octroi de crédit et empêche les ménages les plus modestes de réaliser leurs projets immobiliers. D’ailleurs, Vousfinancer a observé cet été une hausse des refus de prêt immobilier et une baisse de la part des investisseurs financés. En effet, la part des dossiers refusés a doublé cette année. Elle atteint 10,7 % à l’heure actuelle, contre 5,5 % en 2019. Comme l’exprime Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer : « Nous aurions souhaité que la part de flexibilité accordée aux banques passe de 15 à 30 % de leur production afin de leur laisser apprécier le risque et accorder au cas par cas davantage de crédits à des emprunteurs dont la situation financière et professionnelle le permet avec un reste-à-vivre suffisant ». Dossiers bloqués pour les primo accédants et les investisseurs locatifs En 2020, beaucoup de primo accédants et d’investisseurs locatifs voient leurs dossiers de prêt bloqués ou refusés. En effet, les chiffres sont éloquents : 37 % des primo accédants et 26% des investisseurs locatifs voient leurs dossiers rejetés. Par ailleurs, à cause des recommandations du HCSF, seuls 11% des investisseurs locatifs ont obtenu une réponse favorable à leur demande de prêt cet été. Ce pourcentage était de 26% l’année dernière pour la même période. Nous pouvons donc observer que les recommandations du HCSF ont un réel impact sur le secteur immobilier. Comme l’explique Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer : « Outre les primo-accédants, les investisseurs sont fortement impactés par les recommandations : souvent propriétaires de leur résidence principale, ils dépassent facilement 33 % d’endettement. Et pour maximiser l’effet levier du crédit, ils empruntent souvent sans apport et sur des durées longues ». Et vu que les taux des prêts immobiliers restent à un niveau proche de leurs plus bas niveaux historiques », le HCSF estime qu’il n’est pas nécessaire d’assouplir ses recommandations. En effet, les taux des prêts immobiliers se situent actuellement aux alentours de 0,95% sur 10 ans, 1,15% sur 15 ans et 1,30% sur 20 ans. Mais comme nous l’avons vu précédemment, les recommandations excluent les acheteurs qui sont dans une optique d’investissement. Et ces derniers représentent une part importante des investisseurs puisqu’ils ont représenté 27 % des acheteurs en 2019. Sandrine Allonier l’analyse ainsi : « Nous avons besoin d'investisseurs privés pour permettre aux Français qui souhaitent rester locataires - ou ne peuvent pas acheter - d’avoir une offre de bien suffisante pour maintenir peu d’inflation sur les loyers. Alors que la préparation de leur retraite est l’une de leurs préoccupations majeures, ces recommandations et leurs conséquences vont priver les Français d'un revenu complémentaire pour lequel ils bénéficient en outre de l'effet levier du crédit ». Alors un assouplissement est-il possible dans les prochains mois ? Nous ne pouvons nous prononcer sur le sujet. Seul le HCSF a la réponse et nous en saurons plus d’ici la fin de l’année lorsqu’il se réunira de nouveau pour statuer sur les futures mesures et recommandations applicables en 2021. Sandra PETRICEVIC