Vers une bulle immobilière en Angleterre ?

Selon le très sérieux Financial Times, le prix de l'immobilier londonien aurait augmenté de +18,2 % en 2013. Suffisamment pour que le FMI et l'OCDE tirent la sonnette d'alarme, en pointant la bulle immobilière qui se profile à l'horizon. Et avec un prix du mètre carré moyen tournant autour des 10 000 €, il y a de quoi s'inquiéter. Car les responsables de cette flambée des prix ne sont pas les milliardaires russes et chinois, mais le système bancaire lui-même.

Londres, une capitale très chère

Le prix d'une maison londonienne augmente de 896 € par jour

La très respectable agence immobilière de Londres, Marsh & Parsons, publie des chiffres étonnants, repris par le site fr.myeurop.info. En 2013, le prix moyen d'une maison de 3 chambres implantée dans le centre de Londres, aurait augmenté de 896 € par jour. Certes il s'agit là d'un bien d'exception, mais cet exemple en dit long sur le mal de l'immobilier britannique.

Le mètre carré moyen plus cher qu'à Paris

Selon le cabinet Deloitte, le prix moyen du mètre carré résidentiel londonien avoisine les 10 000 €. Pour ce prix-là, il est possible de s'offrir un pied-à-terre dans le 8e arrondissement de Paris, à quelques minutes des Champs-Élysées.

Les acheteurs d'outre-Manche seraient sans doute bien inspiré de prendre l'Eurostar pour venir s'installer à Paris. Les prix de l'immobilier ancien s'ajustent à la baisse aux alentours de -1,6 %. À l'inverse, tout porte à croire que l'on approche de la bulle immobilière à Londres.

Une hausse de 18,2 % du mètre carré londonien

Les prix moyens de l'immobilier au Royaume-Uni ont augmenté de plus de 9,2 % sur 1 an. Dans la capitale uniquement, ils ont atteint +18,2 %. Des chiffres qui donnent le vertige, et encore plus lorsque l'on s'aperçoit que l'on s'approche dangereusement du pic atteint en 2015.

 

Le FMI et l'OCDE tire la sonnette d'alarme

Risque de défaut de remboursement

Le FMI met en garde le gouvernement britannique contre le déséquilibre entre l'ampleur des crédits immobiliers souscrits, et la capacité de remboursement des emprunteurs. « Les ménages deviennent progressivement plus vulnérables à des chocs sur les revenus des taux d'intérêt ».

L'OCDE avait rendu public un rapport sur les risques d'une bulle immobilière en Angleterre, dès février 2013. L'organisation pointait du doigt le programme gouvernemental "Help to Buy", un peu trop dangereusement basé sur le système des subprime à son goût.

 

Le système des prêts immobiliers britanniques en cause

Un programme d'incitation à l'accession immobilière

Le premier ministre David Cameron tient pourtant à son programme d'aide à l'accession immobilier, nommé "Help to Buy". L'idée de départ était pourtant bonne, il s'agissait pour l'État de se porter garant des prêts immobiliers des classes moyennes. Avec ce système, les acheteurs n'avaient besoin que d'un apport personnel de 5 %, pour un achat immobilier de près de 740 000 €.

Malheureusement ce programme n'incluait pas de standards bancaires. Exactement comme aux États-Unis à partir des années 2000, les banques se mettent à prêter dangereusement, sans véritablement de règles quant à la capacité de remboursement des emprunteurs.

Selon des chiffres cités par Atlantico.fr, 32 % des emprunteurs britanniques étaient déjà endettés sur plus de 25 ans en 2012. À ce stade, il faut bien rappeler que le taux de prêt immobilier fixe est typique du marché français. Partout ailleurs, ce sont des taux variables.

Ce concept aurait certainement pu marcher si les programmes de construction avaient suivi.

En Angleterre aussi on ne construit pas assez

Bien que le secteur de la construction se porte mieux en Angleterre qu'en France, outre-Manche également on ne construit pas assez. Selon les chiffres Eurostat, le nombre de logements en construction au 1er trimestre 2014 a augmenté de +0,6 % au Royaume-Uni, par rapport au trimestre précédent. En revanche, on note un recul de -0,9 % au mois de mars, par rapport au mois de février. Par ailleurs, en février le nombre de constructions avait déjà diminué de -1,9 %.

Le programme d'incitation Help to Buy a donc permis d'augmenter la demande d'achat, tandis que l'offre diminuait. Il s'est donc passé ce qu'il se passe toujours lorsque la demande est supérieure à l'offre : une hausse des prix.

 

Les solutions pour éviter la bulle immobilière

Standardiser l'accès au crédit

Les solutions préconisées par le FMI et l'OCDE sont de réglementer le financement de l'immobilier. En France, banques et organismes de crédit n'accordent pas de prêt immobilier lorsque le taux d'endettement futur de l’accédant à la propriété dépasse 33 % de ses revenus imposables. On ne prête quasiment plus au-delà de 25 ans, selon les chiffres de l'observatoire CSA/crédit logement. Seuls 13,9 % des emprunts immobiliers en France ont été accordés au-delà de 25 ans en avril 2014. Les autorités financières britanniques feraient bien de s'inspirer de l'exemple français.

La naissance d'une bulle immobilière

Si trop d'emprunteurs obtiennent des crédits au-delà de leurs capacités de remboursement, ils risquent de se trouver en défaut de paiement au premier coup de vent économique.

Aux États-Unis en 2007, ce coup de vent économique a été provoqué par le ralentissement de la croissance des pays émergeant, dû à une surcapacité de production. Or, selon la banque mondiale la croissance économique chinoise devrait se contracter en 2014. L'organisme met d'ailleurs le gouvernement chinois en garde contre ses propres risques de bulle immobilière.

Cependant, si par effet domino les bonnes performances de l'emploi en Angleterre subissent un contrecoup, beaucoup de classes moyennes pourraient se trouver en défaut de paiement.

La solution de construire plus ? Attention danger

Il semble que le premier ministre David Cameron ne soit pas enclin à toucher à son programme d'accession à la propriété immobilière. C'est un risque que le chef de file du parti conservateur ne prendra pas à 1 an des élections. Reste la solution de relancer la construction afin de faire baisser les prix. Cependant une baisse brutale des prix de l'immobilier aura un effet sur les cas de surendettement.

Les banques ayant prêté aux classes moyennes via une hypothèque pourraient alors ne plus être en mesure de récupérer le capital manquant. Il s'agit donc d'un exercice d'équilibriste entre l'ajustement des prix à la baisse et la continuité de la croissance économique.

Or, force est de constater que les chiffres sont optimistes. L'OCDE prévoit une croissance de +2,4 % en 2014, de son côté la chambre de commerce britannique mise sur +2,7 %. Le chômage devrait rester en dessous de la barre des 7 % à la fin 2014. Il reste donc à faire en sorte que l'augmentation des salaires suive ou dépasse l'inflation pour voir s'éloigner le risque d'une bulle immobilière. Malheureusement, ce n'est pour l'instant par le cas.

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