On termine la lecture des chiffres de la construction de logements à fin juin 2015, sans savoir sur quel pied danser. Il y a les bonnes nouvelles, comme celle du nombre de logements autorisés en nette augmentation de +3,7 % sur 3 mois. Mais lorsque l'on y regarde de plus près, la PACA est la seule des régions les plus peuplées à avoir délivré davantage de permis de construire. Et lorsque l'on se tourne vers les chantiers en démarrage, on s'aperçoit que seule l'Alsace et le Languedoc-Roussillon se trouvent dans la zone verte. Voici les régions construisent et celles qui n'arrivent pas à poser la première pierre. Ces régions où la construction va bon train Insolente Alsace qui construit sans relâche Mais quelle est la recette des promoteurs alsaciens ? La région bénéficierait-t-elle de moins de règles de construction que dans le reste de l'Hexagone ? Peut-être les chiffres du chômage (9,2 %) inférieurs à la moyenne nationale (10 %) ont-ils un effet sur le moral des constructeurs ? Peut-être est-ce son emplacement privilégié, passage obligé entre les 2 plus grandes économies de la zone euro, que sont la France et l'Allemagne ? Peut-être est-ce la présence de Strasbourg, métropole européenne et vecteur d'emploi ? Toujours est-il que les chiffres de la construction y font pâlir les promoteurs du reste de l'Hexagone. En 1 an les municipalités ont autorisé la construction de 11 800 logements, dont 4000 individuels. Il s'agit tout simplement d'une augmentation de +12,9 % par rapport aux 12 mois précédents. Et de la théorie à la pratique il n'y a qu'un tout petit pas, car si les coups de tampon sur les documents se font plus nombreux, les coups de pelle aussi. En 12 mois les entrepreneurs locaux ont démarré la construction de 10 800 logements, dont 3400 individuels. Le secteur de la construction alsaciens est donc en train de construire 10,8 % de plus que l'année dernière. Le Languedoc-Roussillon est au rendez-vous Que le Languedoc-Roussillon fasse finalement démarrer son secteur de la construction, n'est pas si surprenant. Il y a d'abord Montpellier, véritable poumon économique local, attirant des familles par sa qualité de vie ce qui aurait d'ailleurs tendance à faire augmenter les prix de l'immobilier. La vie universitaire y est également très forte, ce qui permet de soutenir une certaine activité. Ces mêmes étudiants finissent souvent par s'installer dans la région, lorsqu'ils n'y sont pas originaires. On trouverait donc presque logique que le nombre de logements autorisés augmente de +3,1 % sur 1 an, avec pas moins de 21 200 unités prévues, dont 9800 habitations individuelles. D'ailleurs les bâtisseurs sont en ce moment même en train d'ériger 19 800 Maisons et appartements, une augmentation de +0,9 % par rapport à l'année dernière. La Picardie et la Basse-Normandie, invitées surprise ces 2 régions n'ont peut-être que de petits volumes, mais elles ont le mérite de se détacher du lot. En Picardie les municipalités ont autorisé la construction de 7000 logements neufs, une augmentation de +7 % par rapport à l'année dernière. Toutefois cet afflux de bonnes intentions ne devrait permettre que de stabiliser l'activité du bâtiment, cette année 6300 logements sont en cours de construction, en recul de -2,3 % sur 1 an. Les nouvelles pourraient être meilleures pour la Basse-Normandie, qui avec 7100 habitations neuves autorisées à la construction cette année, améliore ses performances de +2 %. Si toutes se réalisent, elles devraient permettre de relancer le bâtiment dans la région. Avec seulement 5700 habitations commencées cette année, le secteur est en chute de -15,2 %. En Provence Alpes Côte d'Azur, région qui héberge 2 des 5 communes les plus peuplées de France que sont Nice et Marseille, le vent pourrait peut-être tourner. En 1 an les municipalités ont autorisé la construction de 34 100 logements, dont 11 100 individuelles. Il s'agit d'un chiffre en augmentation de +5,6 %, qui pourrait compenser le retard de -12,2 % sur le terrain, avec 29 500 habitations en cours de construction. Ces régions qui n'arrivent plus à construire de logements neufs Ces poids lourds de l'économie qui ne construisent plus Il fut un temps où les grues étaient présentes dans le ciel de l'Île-de-France. Aujourd'hui les entrepreneurs du bâtiment sont en train de construire 55 500 logements neufs, une production en baisse de -7,1 % par rapport à l'année dernière. Et l'avenir reste sombre pour le secteur, avec des autorisations de construction en chute de -10,2 %, à 59 100 unités. Le constat est clair : la région parisienne n'arrive plus à sortir des habitations de sous terre, la faute au prix du foncier, la faute aux complications administratives, la faute à la concurrence de l'immobilier ancien, les excuses ne manquent pas. Le Rhône-Alpes déçoit tout autant, avec une baisse de -13,7 % des autorisations à construire sur les 12 derniers mois. Depuis 1 an les municipalités n'ont délivré de permis que pour 44 700 logements, presque un peu plus que les 44 100 habitations commencées sur cette même période. Et pourtant il s'agissait d'une contre-performance de -5 %. Parmi les poids lourds de l'économie on a bien envie d'applaudir la région du Nord-Pas-de-Calais, qui obtient les moins mauvais résultats. Les démarrages de chantier concernent 21 900 habitations, dont près de la moitié à titre d'hébergement individuel. Il s'agit certes d'une diminution par rapport aux 12 mois précédents, mais que de - 0,5 %. Les municipalités s'affairent du côté des autorisations de construction, avec 15 600 unités délivrées, soit une baisse limitée à -1,5 %. Toutefois en comparant les chiffres des autorisations et des démarrages de chantier, on s'attend à une baisse de l'activité au moins pour l'année prochaine. Ces régions où les logements neufs seront de plus en plus rares Mois après mois, le Limousin s'enfonce davantage. Si les municipalités délivrent autant de permis de construire que les entrepreneurs démarrent de chantier, à savoir 1800 unités, cela ne suffit pas. L'activité du bâtiment baisse de -27,3 % sur 1 an, et les logements autorisés de -28,3 %. Notons que l'on ne construit que très peu d'appartements neufs, la majeure partie de l'activité se concentrant sur le logement individuel. Même constat en Champagne-Ardenne, en Poitou-Charentes, et en Haute-Normandie. Baisse des permis de construire, baisse des démarrages de chantier, les économies locales ne permettent pas de relancer le bâtiment. À noter également l'atonie de la Corse, qui avec 3000 habitations en cours de construction dont la moitié de logements individuels, voit son activité baisser de -18,5 %. Mais avec 3800 autorisations de construire, soit une augmentation de +17,2 % sur 1 an, le secteur ne devrait pas descendre plus bas.