L'actualité économique tourne en ce moment autour de la construction de logements. Il faudrait en ajouter 180 000 par an, pour rejoindre l'objectif des 500 000. Les bonnes volontés ne manquent pas, il n'y a plus qu'à espérer qu'elles aboutiront. Le président M. François Hollande a annoncé lundi la création de 25 000 logements intermédiaires en 5 ans. De son côté la mairie de Paris entend changer les règles d'urbanisme, afin de construire sans parking. Petit tour sur ces projets qui devraient détendre la situation à Paris, et dans les grandes agglomérations. Construction de 25 000 logements intermédiaires en 5 ans Le président M. Hollande débloque 1,9 milliards d'euros Lors des assises de l'investissement organisées à l'Élysée, le président M. Hollande a annoncé la construction de 25 000 logements intermédiaires. Ces habitations sont destinées aux ménages dont les revenus sont insuffisants pour accéder au parc immobilier libre, mais trop élevés pour les logements sociaux. Ces familles sont généralement obligées de rester locataires de longues années, jusqu'à ce qu'elles cumulent suffisamment d'apport personnel pour accéder au parc privé. D'autres choisissent de s'exiler hors des zones d'habitation tendue, au prix de longs transports en commun. L'État et la caisse des dépôts et consignations (CDC) devrait consacrer 1,9 milliards d'euros en 5 ans, pour la construction de ces 25 000 logements intermédiaires. Il n'y a plus qu'à espérer que la menace de boycotte de la CDC par les notaires n'entre pas en application. En réaction à la réforme des professions réglementées, les notaires menacent de ne plus bloquer les sommes émanant des transactions immobilières à la CDC. Perte en trésorerie pour l'État : de l'ordre de 20 milliards d'euros par an. Ceux qui applaudissent, ceux qui critiquent La mesure a été bien accueillie par le professeur Ingrid Nappi-Choulet (ESSEC, chaire immobilier et développement durable). Citée par Le Monde.fr, Mme Nappi-Choulet rappelle que « les classes moyennes [ ] ont de plus en plus de mal à se loger en zone tendue et [ ] ne peuvent pas accéder au parc social ». En revanche la réaction est moins enthousiaste du côté des professionnels. Toujours cité par le monde.fr, le président de Tagerim, M. Hervé Puybouffat, fait le calcul. « L'argent mis sur la table ne représente que 76 000 euros par habitation. Même sans les taxes, c'est insuffisant pour acheter un logement en zone tendue. Peu de promoteurs accepteront de vendre à ce prix ». Chez Gambetta, on aurait préféré voir une mesure plus radicale. Son président, M. Norbert Fanchon, aurait trouvé plus « judicieux d'enclencher rapidement un cercle vertueux en baissant fortement la TVA pour ceux qui se lancent dans l'accession à la propriété ». Construire 10 000 logements par an à Paris Des programmes immobiliers sans parking Interviewé par le site 20min.fr, l'adjoint au maire de Paris chargé du logement, M. Ian Brossat, a des idées originales. Selon lui, la moitié des parisiens ne possède pas de voiture, au grand dam des exploitants de places de parking. Et de citer le bailleur social RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris), avec ses 26 % de places de parking vides. Car aujourd'hui le PLU (Plan Local d'Urbanisme) parisien impose la construction d'une place de parking pour 100 m² de logements, exception faite pour les immeubles de moins de 2000 m². Le résultat débouche sur un coût de construction supplémentaire pouvant atteindre 30 %, uniquement pour garer les voitures. Une dérogation a donc déjà été accordée dans le 18e, afin d'ériger un immeuble sans parking. En décembre 2015, le PLU sera modifié pour permettre la libre construction dans ce sens. Toujours selon M. Brossat, le promoteur de cet immeuble, Nexity, a compensé l'absence de structures pour les automobilistes en réservant des places dans un parking voisin. Mais Nexity n'aurait pas trouvé preneur, les clients n'ont réservés que les logements, sans les parkings. Libérer du foncier pour construire Pour construire un programme immobilier neuf, il faut trouver le terrain. Et du terrain de libre à Paris, il n'y en a pas beaucoup. Le foncier disponible appartient pour l'instant à la RATP, à l'assistance publique des hôpitaux de Paris, ou encore au réseau ferré de France. L'un des objectifs de la capitale est donc de racheter des terrains à l'État, si possible pour un faible prix. Transformer des bureaux en logements L'idée de la mairie de Paris est de transformer 200 000 m² de bureaux actuellement inoccupés, en logements. Cet objectif devrait être atteint en 6 ans, et peut paraître ambitieux s'il l'on considère qu'il a fallu 13 ans (2001 – 2014) pour aménager 400 000 m² de bureaux en habitation. Construire plus haut Lorsque le foncier manque, comme c'est le cas dans toutes les capitales des pays développés, on est bien obligé de construire plus haut. Cependant des voix parisiennes s'élèvent contre l'arrivée de tours dans la capitale. Aujourd'hui il est possible de construire des immeubles d'habitation jusqu'à 50 m de hauteur dans 3 zones. Il s'agit de Clichy Batignolles (17e), la tour triangle (15e), ainsi que le Masséna (13e). Ajouter 1000 logements étudiants par an Au cours d'un hangout organisé par Europe 1, la maire de Paris, Mme Anne hidalgo, a répondu à une étudiante sur la question du logement. Cette jeune fille fraîchement débarquée de Bordeaux dans la capitale, n'a pas trouvé à se loger, malgré la présence de 2 cautions. Cela n'est pas sans rappeler une enquête menée par UFC - Que Choisir sur la discrimination locative. On n'y voyait clairement que les jeunes n'étaient pas bien vus par les propriétaires bailleurs. Pour remédier aux problèmes de logements étudiant, Mme hidalgo prévoit donc de transformer des bureaux, mais également de construire. L'objectif est d'apporter 1000 logements supplémentaires par an sur le marché, au cours des 5 prochaines années. En supplément, la mairie dépensera 1,6 millions d'euros à titre de subventions d'aide au logement pour les plus jeunes. Être plus précis sur l'attribution de logements sociaux Chaque année, 148 000 demandes de logements sociaux sont déposées à Paris. Et chaque année, seules 12 000 aboutissent. La préfecture de Paris attribue 4000 places, Action Logement en attribue 4 000 autres, la mairie de Paris fait aboutir 2000 dossiers, et les 2000 restants sont le fruit des efforts des maires d'arrondissement. L'idée est de mettre en place un système de scoring, afin de fluidifier le traitement des dossiers. Priorité sera donnée aux familles nécessitantes, ainsi qu'aux SDF.