Alors qu'aux États-Unis le produit intérieur brut (PIB) progresse de +4 % sur 3 mois, en Europe la croissance stagne. La France et l'Espagne s'endettent encore et encore, la Grèce n'arrive pas à sortir la tête de l'eau, seul le Portugal reprend des couleurs. C'est dans ce contexte que la Banque Centrale Européenne (BCE) va tenter d'insuffler des liquidités dans l'économie, en proposant des crédits à faible taux aux banques. Objectif : que ces dernières accordent des prêts professionnels aux entreprises, afin de les aider à investir pour relancer leur production. Rien à faire, la croissance ne démarre pas Le produit intérieur brut (PIB) de la zone européenne n'a pas évolué au 2e trimestre alors qu'il n'avait crû que de +0,2 % au 1er trimestre 2014. Plus grave encore, la première économie de l'euro, l'Allemagne, a affiché une courte récession de -0,2 % pendant les 3 premiers mois de l'année. Au final, la zone euro n'a toujours pas retrouvé son PIB de 2008, celui d'avant la crise. L'inflation, ce problème paradoxal Le malheur des uns fait le bonheur des autres, l'inflation n'y échappe pas. Alors que les consommateurs sont ravis de voir que les prix stagnent, cela ne fait pas l'affaire des entreprises. Obligées de s'aligner sur les tendances du marché, celles-ci doivent rogner leurs marges. Car si leurs prix de vente doivent diminuer, leurs coûts de production sont toujours les mêmes. Il en résulte des CDD non renouvelés, des offres d'emploi de plus en plus rares, ainsi que des plans sociaux. C'est donc un des objectifs de la banque centrale européenne : créer plus de monnaie afin de déclencher un principe inflationniste, si possible à +2 % par an. Si les entreprises peuvent vendre plus cher elles refont de la marge, peuvent réinvestir, payent des impôts, et l'État encaisse de la TVA. Et pendant ce temps-là, aux États-Unis Alors que de grandes économies comme celle des États-Unis sont définitivement sorties de la crise l'Europe n'arrive pas à décoller. Le produit intérieur brut outre-Atlantique a progressé de +4 % d'avril à juin 2014, par rapport à la même période l'année précédente. Les consommateurs retrouvent le chemin des magasins (+2,5 %), et les stocks s'écoulent de mieux en mieux à l'export (+2,5 %). Heureusement pour l'Europe, les importations ont également repris aux États-Unis, avec +11,7 %. Le gouvernement de Barak Obama s'est doté de 2 des composantes indispensables à la croissance. L'inflation tout d'abord, qui se situe à 2,3 %, un niveau qu'aimerait bien atteindre la zone euro. La dette publique ensuite, qui continue de baisser à -0,8 %. On notera toutefois que les états et les collectivités locales se remettent à emprunter, avec une dette locale de +3,1 %. La BCE joue sur les crédits professionnels La tactique de la banque centrale européenne, menée par M. Mario Draghi, a pour objectif de miser sur l'économie réelle. L'idée est de permettre aux banques d'emprunter à petits prix, à condition qu'elles accordent plus facilement des prêts aux entreprises. Pour y arriver, la BCE prêtera aux organismes de crédit à 0,15 %, et proposera des taux négatif pour les banques qui souhaiteraient faire dormir leurs capitaux dans les coffres-forts sécurisés de l'institution bancaire européenne. Il pourrait ainsi y avoir 1000 milliards d'euros disponibles pour prêter aux entreprises. Une autre idée consiste à permettre aux banques de restructurer leurs dettes, à l'aide d'opérations de refinancement à long terme, appelées TLTRO. Cependant la BCE reste une banque, et elle ne prête que si elle est sûre d'être remboursée. La condition pour que le secteur financier européen bénéficie de ce rachat de crédits avantageux, est d'emprunter à hauteur de 7 % de l'encours total. Les détracteurs se demandent si les banques disposeront de suffisamment de capitaux pour bénéficier de ce plan de relance. Le Portugal profite de ses exportations Pourtant les exemples de réussite de la politique financière de l'euro ne manquent pas. Alors que le Portugal avait annoncé la fin du plan de sauvetage international, voici que la 2e banque du pays fait faillite. Et pourtant, le produit intérieur brut portugais a augmenté de +0,6 % sur 3 mois, d'avril à juin. Une belle progression si l'on se rappelle que la croissance du premier trimestre était négative avec -0,6 %. D'après les autorités financières, cette bonne santé est surtout due aux exportations. Car la consommation interne a ralenti, du fait d'une évolution des investissements. Au final, la croissance du Portugal est supérieure à la moyenne de la zone euro, avec +0,8 % sur 1 an. De la dette, toujours de la dette L'un des problèmes majeurs de la zone euro est l'endettement. Il s'agit d'une spirale infernale, car seule la croissance pourra permettre de moins s'endetter, et de donner de la marge de manœuvre budgétaire aux états. Seulement voilà, la dette espagnole a dépassé les 1000 milliards d'euros en juin dernier, ce qui représente maintenant 98,5 % de son PIB de 2013. Et les choses ne vont pas s'arrêter là, car le gouvernement espagnol pense atteindre 101,7 % en 2015. Quant à la France, le montant de sa dette publique est de 1985,9 milliards d'euros au premier trimestre 2014, ce qui représente 93,6 % du PIB. Sur 1 an, la hausse est de +4,8 %. Nous sommes toutefois loin de l'endettement grec, à 175,1 % du PIB. Mieux que l'Espagne toutefois, moins bien que le Royaume-Uni (90,6 %). Le Luxembourg fait figure de conte de fées, avec une dette publique équivalente à seulement 23,1 % du PIB. De tous les 28, c'est l'Estonie qui dispose de la dette publique la plus faible, avec 10 % de son PIB. Racheter la dette des états, une solution ? Les dirigeants français aimeraient bien que la BCE suivre l'exemple de la Fed des États-Unis. La banque centrale américaine avait procédé à l'achat massif de dette publique et privée. Le public entend souvent parler de ces mesures comme étant non conventionnelles, car il est assez rare que les banques centrales s'impliquent de si près dans l'économie. Le procédé a réussi outre-Atlantique, mais il n'est pas dit qu'il fonctionne dans la bonne vieille Europe. L'Allemagne notamment, préfère l'application de la rigueur à ce genre de mesures non conventionnelles. Désaccord entre la France et l'Allemagne On ne peut pas dire que les relations soient au beau fixe entre le gouvernement de M. Hollande, et celui de Mme Merkel. Les premiers reprochent à l'Allemagne de ne pas en faire assez pour l'économie européenne, les seconds reprochent à la France son laxisme budgétaire. Le président de la Bundesbank (banque centrale allemande), M. Jens Weidmann, a déclaré dans les colonnes du site LeMonde.fr, que la croissance ne pouvait venir que de l'intérieur des pays. Pas question donc pour le gouvernement allemand d'investir davantage comme le demandait M. Hollande. Au lieu de cela, M. Weidmann demande à la France de devenir un exemple.