Incontestablement, les taux très attractifs accordés par les banques ont soutenu le marché en 2018 et vont continuer à le soutenir en 2019 ! Lors de sa première réunion de l’année, la Banque centrale européenne (BCE) a laissé ses taux directeurs inchangés et a indiqué que la conjoncture n’était pas propice à une remontée à court terme. Le discours de Mario Draghi éloigne de facto le spectre d’une hausse des taux de crédit en 2019. Pas de hausse prévue avant l’été. A combien pourraient s’établir les taux d’ici la fin de l’année ? Analyse de Jérôme Robin, fondateur et directeur général de Vousfinancer, Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer et Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris Ouest. Selon les dernières données de l'Observatoire Crédit Logement/CSA, « le taux moyen hors assurance s'est établi à 1,44 % toutes durées confondues (1,21 % sur 15 ans, 1,41 % sur 20 ans et 1,63 % sur 25 ans en décembre), au 4ème trimestre 2018, soit un niveau quasi constant depuis plus de 6 mois sur le marché de l’ancien », souligne Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris Ouest. Et bonne nouvelle pour les emprunteurs, ce niveau de taux très attractifs va perdurer encore en 2019. Les taux finiront l’année 2019 à 1,70% tout au plus « Les taux vont augmenter de façon très modérée en 2019 pour atteindre 1,65 ou 1,70% en fin d’année », anticipe le Professeur Mouillart. Des niveaux qui vont donc rester attractifs. « Les taux vont rester bas quasiment tout au long de l’année 2019. Si remontée des taux il y a, elle sera de l’ordre de 0,10 à 0,30% tout au plus, ce qui représente à peine une augmentation de 10 à 30 euros par mois pour un emprunt de 200 000 euros sur 20 ans », confirme Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer. En tout cas, « ce ne sera pas de nature à freiner les projets immobiliers des ménages », ajoute-t-elle. « En effet, que les taux de crédit s’établissent autour d’1,50% ou d’1, 70%, ça ne changera rien pour les emprunteurs », affirme Michel Mouillart. Par contre, « ce qui est crucial, c’est que les conditions d’octroi de crédit restent également très favorables avec un niveau faible d’apport exigé par les banques et avec des prêts octroyés sur de longues durées », prévient-il. Le marché immobilier hexagonal a accusé en 2018 un recul des volumes de l’ordre de 5,8 % et si les banques n’avaient pas considérablement assoupli leurs conditions de crédit, notamment en « réduisant leurs exigences en termes d’apports personnels », la baisse aurait été plus importante encore », tient à rappeler Michel Mouillart. Feu vert de la BCE La Banque centrale européenne a laissé hier ses taux inchangés lors de sa première réunion de l'année et réaffirmé sans surprise qu’une hausse n’était pas envisagée avant cet été… En revanche, des évolutions ont été notées dans la teneur du discours de Mario Draghi, président de l’institution, qui a fait part de ses incertitudes sur la conjoncture en Europe avec des risques pesant sur la croissance. « Compte tenu des prévisions de croissance à la baisse dans la zone euro, on peut s’attendre à une poursuite sur un horizon plus long de la politique accommodante de la BCE qui a contribué depuis plusieurs années à maintenir d’excellentes conditions de crédit en Europe et notamment en France. C’est l’un des éléments aujourd’hui qui nous laisse penser que les taux de crédit ne vont pas remonter significativement en 2019 » explique Jérome Robin, directeur général et fondateur de Vousfinancer. OAT 10 ans au plus bas Dans le même temps, les taux d’emprunt d’Etat à 10 ans sont revenus hier à leur plus bas niveau depuis juillet 2018 à moins de 0,6 % (0,59 % ce jour), contre 0,80 % fin 2018 et 0,90 % il y a un an… « Ce maintien des taux d’emprunt d’Etat à un niveau historiquement bas devrait permettre aux banques de continuer à mener une politique de taux de crédit attractifs sans trop rogner sur leurs marges, d’autant que, tant que les taux directeurs de la Banque centrale européenne n’augmenteront pas, elles continueront à obtenir d’excellentes conditions de refinancement » complète Jérôme Robin. Le soutien indéfectible des banques prêteuses En outre, on note depuis le début du mois de janvier un climat général qui engendre un attentisme qu’on attribue également à la mise en place du prélèvement à la source et au mouvement des Gilets jaunes. Cet attentisme impacte l’ensemble de l’économie, y compris le dynamisme du marché immobilier et la demande de crédit qui ressort en baisse par rapport à janvier 2018. On note d’ailleurs un recul de la part des primo-accédants, passée de 42 % en janvier 2018 à 37 % des acheteurs actuellement. « Dans ce contexte de démarrage plus lent de l’activité depuis le début de l’année, les banques devraient maintenir des taux de crédit bas pour soutenir la demande… Pour l’ensemble de l’année 2019 nous ne sommes pas inquiets : l’immobilier demeure une valeur refuge pour les Français et de nombreux voyants restent au vert. Le marché devrait donc rapidement retrouver son dynamisme, notamment grâce au niveau bas des taux dont le spectre d’une remontée s’éloigne encore… » conclut Jérôme Robin. Alexandra Boquillon