Malgré la crise, l’immobilier d’entreprise semble tenir bon la vague. Les développements du secteur, notamment autour du numérique (le crowdfunding) et des reconfigurations des espaces de travail (le coworking) et les nouvelles perspectives offertes aux investisseurs ont conservé à l’immobilier d’entreprise toute son attractivité. État des lieux des chiffres de 2015. L’immobilier d’entreprise tient bon face à la crise La crise économique de 2008, venue des États-Unis, a balayé de nombreux secteurs sur son passage. Celui de l’immobilier n’y a pas échappé, et pire : c’est lui qui était directement visé par le scandale touchant les subprimes. Si le marché a retrouvé un peu de couleurs en 2015 en France, aidé par une légère baisse des prix et surtout par des taux de crédit historiquement bas, rien n’indique encore que cette tendance vers le mieux ne soit pas seulement conjoncturelle. Si l’immobilier d’entreprise n’a pas échappé à la crise, il est néanmoins patent que ce secteur spécifique s’en est mieux remis – et plus rapidement – que l’immobilier résidentiel. Les chiffres du cabinet Cushman & Wakefield (disponibles dans cette étude) parlent d’eux-mêmes : En 2012, 9,2 milliards d’euros étaient investis dans l’immobilier d’entreprise ; En 2014, cette somme était passée à 23,8 milliards d’euros (+ 57% par rapport à 2013), soit une performance qui s’est hissée au 3e rang des meilleures années de l’histoire après 2007 et 2006. La bonne tendance française s’accompagne de la bonne santé du secteur en Europe, toujours selon le cabinet Cushman & Wakefield : en 2015, les volumes d’investissement sur tout le territoire européen ont atteint 52 milliards d’euros au 3e trimestre, en hausse de 16% sur un an, avec toujours le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France en trio de tête. 2015, année de la consolidation ? L’étude Real Estate de BNP Paribas est venue confirmer cette bonne santé avec éclat pour l’année 2015. Le marché de l’investissement dans l’immobilier d’entreprise a en effet affiché des chiffres en hausse de 4% par rapport à 2014, avec 29 milliards d’euros engagés et un 2e semestre particulièrement dynamique se terminant par un 4e trimestre record (11 milliards d’euros). Très loin des perspectives du début d’année qui voyaient 2015 faire moins bien que 2014 avec un total d’investissement pronostiqué autour de 22 milliards d’euros. Les zones géographiques qui attirent les investisseurs Pour ce qui est de la géographie, c’est, sans surprise, l’Île-de-France qui concentre une majeure partie des volumes investis dans l’immobilier d’entreprise, avec un taux de 76%. C’est notamment le Quartier Central des Affaires (La Défense) et Paris intra-muros qui en profitent (43 % de l’activité régionale au total). En région, c’est Lyon et sa métropole qui a été le moteur principal du marché, avec 1,4 milliard d’euros. Ces investissements restent majoritairement ciblés sur les stratégies immobilières suivantes : Les bureaux, qui représentent 61 % des acquisitions avec plus de 18 milliards d’euros ; Les commerces, qui concentrent 17 % des sommes investies ; Les services arrivent en 3e position, avec 13 % des volumes investis ; La logistique connaît la plus forte hausse : 7,5 %, avec 2,2 milliards d’euros, une somme qui a doublé par rapport à 2014 ; Les locaux d’activité restent minoritaires à 1 %. L’état du marché locatif en Île-de-France En 2015, l’activité transactionnelle est restée stable (- 1 %) en Île-de-France par rapport à 2014, avec 2 088 millions de m2 placés. On note toutefois des disparités et des évolutions profondes : L’activité des très grands utilisateurs (surfaces de plus de 20 000 m2) a chuté, passant de 20 % à 12 % ; L’activité des utilisateurs de petites et moyennes surfaces (moins de 5 000 m2) a connu un très fort dynamisme : + 12 % pour les surfaces comprises entre 1 000 et 5 000 m2, + 9 % pour les surfaces inférieures à 1 000 m2 ; L’activité des utilisateurs classiques (entre 5 000 et 20 000 m2) est restée stable : + 1 %. Ces contrastes peuvent s’expliquer par une offre globalement moins satisfaisante du côté des grands utilisateurs, et peut-être par une rentabilité incertaine des surfaces importantes due aux difficultés financières des entreprises. Les petites et moyennes surfaces, elles, profitent de la tendance du coworking, qui agrège des travailleurs d’horizons divers dans des espaces de travail qui n’ont pas besoin d’être vastes. Le numérique, terreau du succès de l’immobilier d’entreprise À l’image de son équivalent résidentiel, l’immobilier d’entreprise n’a pas échappé aux bouleversements induits par la transformation numérique. La tendance a certes pris un peu plus de temps à s’installer, là où l’immobilier résidentiel s’est emparé des nouveaux outils du web à toute vitesse : c’est surtout ces 3 dernières années que l’usage d’Internet pour les transactions a augmenté de façon notable. La transformation digitale, une fois lancée, impose son rythme et modifie en profondeur les usages. Les entreprises ont désormais recours aux outils du web pour poster leurs annonces, partir en quête de locaux ou entrer en relation avec leurs clients. Les plates-formes de recherche immobilière, les services de géolocalisation, les réseaux sociaux et les applications mobiles ont été parfaitement intégrés aux stratégies d’investissement dans l’immobilier d’entreprise. D’autres tendances commencent à s’installer qui, en plus de modifier les usages, changent les modalités d’investissement. C’est le cas du crowdfunding, une manière de favoriser l’investissement immobilier à travers le financement participatif. Comme l’indique cet article, les plates-formes françaises comme Wiseed tentent de surfer sur la vague née aux États-Unis, où Realty Mogul a déjà permis aux promoteurs de lever plus de 30 millions de dollars. L’autre orientation originale est celle du coworking : ces espaces de travail réunissant des travailleurs indépendants fleurissent aux USA et trouvent tout doucement leur place en France, promouvant un nouveau mode de relationnel professionnel. Les investisseurs, eux, ont rapidement saisi les avantages que ces usages en pleine révolution pouvaient leur apporter, et les transactions allant dans ce sens se développent. Il reste donc, en 2015, que l’investissement dans l’immobilier d’entreprise est plus intéressant que jamais.