À un mois de l’Euro 2016 de football, qui se déroulera dans 10 villes françaises, il est d’ores et déjà possible d’annoncer quelle sera l’équipe vainqueur : celle des propriétaires de biens immobiliers et d’hôtels. Ils seront les grands gagnants d’une compétition qui ne se joue pas sur le terrain, mais en coulisses. Car un événement comme celui-ci, ce sont quelques 2,5 millions de spectateurs attendus dans les stades, dont une bonne moitié en provenance des pays étrangers. Une foule qu’il faudra bien loger… à prix d’or ! L’Euro 2016 en quelques chiffres Les chiffres de l’Euro 2016 de football font tourner la tête : 2 millions de billets ont été vendus au public, dont la moitié a été réservée aux supporters des 24 équipes nationales qui seront présentes pour cette phase finale ; 500 000 tickets supplémentaires devraient trouver preneur d’ici au premier jour de la compétition ; dix villes françaises accueilleront des matchs jusqu’aux demi-finales, la finale elle-même se déroulant au Stade de France à Saint-Denis. L’Euro 2016, c’est aussi, selon le Centre de droit et d’économie du sport (CDES), 1,24 milliard d’euros de surcroît d’activité pour l’État français et pour les entreprises hexagonales ; sur ce pactole, ce sont 800 millions d’euros qui sont attendus pour l’hébergement, la restauration et les achats des visiteurs. Une manne financière que les propriétaires de biens immobiliers et de services d’hébergement n’ont pas l’intention de laisser filer. 45 % de hausse moyenne des tarifs dans les hôtels Qui dit grosse compétition dit inflation. Si le coup d’envoi du premier match devra attendre le 10 juin, celui de la hausse exponentielle des prix de l’hôtellerie n’a pas été aussi patient : fin 2015 déjà, une étude de l’UFC-Que Choisir observait une augmentation moyenne des tarifs des chambres d’hôtels de 45 %, pour la première nuit de match et pour deux adultes, dans les dix villes qui accueilleront la compétition. Ainsi, un Ibis de Saint-Denis passait de 149 € à 204 € la nuit (+ 37 %), quand un Première Classe de Saint-Etienne montait de 40 € à 112 € (+ 180 %), une hausse plus franche mais corrélée au plus faible prix de départ. En février 2016, le même UFC-Que Choisir soulignait une inflation démesurée, passant à 80 % de hausse en moyenne pour les établissements testés à la mi-janvier. Voici les chiffres publiés par l’association de consommateurs (le premier tarif correspond à une date située dans la semaine qui précède le début de la compétition ; le second tarif renvoie aux tarifs pratiqués pour le soir du premier match dans la ville hôte – source UFC-Que Choisir) : À Marseille : de 43 à 179 € (+ 316 % - notamment à cause d’un Best Western près de l’aéroport qui culmine à 1 000 € la nuitée !) À Saint-Etienne : de 44 à 124 € (+ 182 %) À Bordeaux : de 46 à 122 € (+ 165 %) À Lyon : de 54 à 129 € (+ 139 %) À Lille : de 77 à 166 € (+ 116 %) À Toulouse : de 73 à 131 € (+ 79 %) À Paris et Saint-Denis : de 139 à 217 € (+ 56 %) À Lens : de 73 à 112 € (+ 53 %) À Nice : de 120 à 169 € (+ 41 %) Les tarifs qui s’affolent ne freinent pas les dormeurs pour autant : selon cet article, le taux de remplissage des hôtels des villes hôtes, les soirs de match, atteignait déjà 90 % au mois de mars. Les propriétaires particuliers comptent bien en profiter aussi Même tendance du côté des meublés touristiques, renforcée par une équation aussi simple que logique : vu que les hôtels commencent à être pleins et qu’ils pratiquent des tarifs très élevés, il sera d’autant plus facile de louer son logement à des spectateurs de passage pour des prix qui peuvent doubler par rapport aux tarifs habituels. De sorte que les propriétaires d’appartements dans les villes hôtes peuvent gagner en deux nuitées l’équivalent de leur loyer mensuel – et, pour ceux qui sont allergiques au football, en profiter pour aller se mettre au vert quelques jours aux frais des touristes. Comme l’on pouvait s’y attendre, c’est Airbnb qui cristallise ce phénomène : l’offre de location y a triplé pour la durée de la compétition. Des chiffres qui, pour une fois, ne devraient pas trop attirer l’attention des autorités parisiennes et des propriétaires d’hôtels, qui n’auront pas à se plaindre du manque à gagner causé par la plate-forme californienne (voir ce précédent billet). Dans des grandes villes moins acquises à Airbnb que ne l’est Paris, l’offre a été multipliée par 15 (à Lyon) et 16 (à Marseille). Propriétaires : comment louer votre bien pendant l’Euro 2016 ? Si vous avez l’intention de mettre votre logement en location pendant l’Euro 2016, et que c’est une première, voici quelques petites choses essentielles à savoir. Petit plus, si vous n'êtes pas là pendant la location, vous pouvez prendre un service de conciergerie Airbnb comme Bnbsitter. Déclarer une location Avec l’inflation Airbnb et la méfiance grandissante des municipalités, le jeu de la sous-location illégale est devenu risqué : jusqu’à 25 000 euros d’amende pour les propriétaires concernés. En revanche, l’obligation de déclarer sa location ne vaut que dans le cadre d’une résidence autre que la principale et dans une ville de plus de 200 000 habitants. En somme, si vous louez votre résidence principale pour quelques jours, et que vous êtes absents pendant la durée de la location, vous n’avez pas besoin de faire de déclaration. Pour ce qui est de la fiscalité, lors d’une location vos loyers sont soumis à l’impôt sur le revenu. Si vous percevez un montant total de loyers inférieur à 32 600 € dans l’année, vous serez tributaire du régime micro-BIC qui vous donne droit à un abattement de 50 % (c’est donc seulement la moitié de vos revenus qui sera imposée). Le contrat de location Si vous passez par un site de mise en location comme Airbnb ou Abritel Homeways, un contrat de location n’est pas nécessaire. Toutefois, en tant qu’hôte, vous avez tout à fait le droit de demander à votre locataire de signer un document de location ; dans ce cas, vous devez en principe l’indiquer sur l’annonce (voir ici pour Airbnb). Vous êtes également en droit de réaliser un état des lieux d’entrée et de sortie. Hors site de mise en location, un contrat ad hoc est vivement recommandé. Il permet de clarifier les obligations du locataire et du propriétaire en ce qui concerne le loyer, la durée d’occupation et le détail des prestations comprises. En cas de litige, ce document aura valeur juridique. L’assurance Les sites de mise en location ont leurs propres assurances – par exemple, Airbnb vous couvre gratuitement contre les dégâts volontaires des locataires. Ce que votre assurance personnelle ne fait pas, en général. Par contre, il vous faut être couvert pour les éventuels sinistres causés involontairement pendant la durée de location. Les contrats d’assurance multirisque habitation suffisent pour prendre ces éventualités en charge. Dans le doute, contactez votre assureur pour lui poser la question. Avec ces éléments en tête, vous pourrez louer votre bien en toute sérénité durant la compétition. Et profiter vous aussi des retombées de l’Euro 2016 !