L'actualité de l'immobilier nous livre les portraits diamétralement opposés des capitales anglaises et françaises. Alors qu'à Londres une étude de Transparency International dévoile un vaste réseau de blanchiment d'argent, à Paris le logement à loyer modéré s'invite au cœur des quartiers chics. La diversification sociale est au cœur des préoccupations de la mairie de Paris, qui a convié la presse pour une visite guidée au cœur du 16e et du 7e arrondissement. Si l'on en croit les photos postées sur le site de la municipalité parisienne, l'un des logements sociaux aurait même une vue sur la tour Eiffel. 6 kilomètres carrés d'immobilier londonien en potentiel blanchiment C'est ce que l'on appelle jeter un pavé dans la mare. Le rapport publié par Transparency International révèle l'existence de 40 725 biens immobiliers à Londres possédés par des sociétés offshore. Impossible donc de connaître l'identité du propriétaire, et encore moins la provenance des fonds. D'après un calcule de l'office foncière londonienne, la superficie couverte par ces propriétés représenterait 6 kilomètres carrés, Au point d'en devenir un véritable business. Le quartier d'affaires de Londres a vu naître un réseau aussi organisé que légal, de l'avocat à l'agent immobilier en passant par le notaire. Les intermédiaires tirent partie de la relation historique de l'Angleterre avec ses paradis fiscaux. D'après le rapport de Transparency International et de l'office foncière britannique, pas moins de 13 831 propriétés domiciliées à Londres appartiendraient à des sociétés situées dans les îles vierges britanniques. Inutile de traverser l'océan atlantique cependant, au milieu de la Manche se trouve la douce île de Jersey, sur laquelle 5960 biens immobiliers londoniens sont enregistrés. Ses consœurs telles que l'île de Man et de Guernesey font également partie de la fête, avec respectivement 3472 et 3280 biens immobiliers. Panama ne compte que 1400 propriétés londoniennes, étrange pour un pays qui compte plus d'habitants que les tous les paradis fiscaux britanniques réunis. Les blanchisseurs aiment les propriétés de luxe Le directeur de l'unité anticorruption de Scotland Yard, Jon Benton, cité par Le Monde.fr, rappelle le lien qui unit le blanchiment d'argent et les quartiers prisés des grandes capitales. « Dans presque toutes nos enquêtes de corruption internationale, nous trouvons des propriétés de luxe ». Et c'est justement le cas à Londres, où 9,2 % des biens immobiliers appartenant à des sociétés offshore enregistrées dans des paradis fiscaux se situe dans le quartier de Westminster. Chelsea, Kensington mais également le quartier des affaires de Londres, la City, sont concernés. En l'espace de 10 ans Scotland Yard a réussi à identifier des propriétés londoniennes impliquées dans des affaires de blanchiment, pour un montant de 250 millions d'euros. Toutefois les services concernés avouent que l'on est loin du compte, car leurs efforts se concentrent sur les îles qui coopèrent avec l'Angleterre, comme jersey. À titre d'exemple, il aura fallu la révolution libyenne pour démasquer la présence d'une propriété évaluée à 12 millions d'euros dans le très chic quartier de Hampstead. Cinéma privé, piscine intérieure, en tout 700 m² dédiés au confort de son propriétaire : Saïd Kadhafi. Pendant ce temps à Paris, on construit des logements sociaux Apartheid, le mot est lâché par le premier ministre M. Manuel Valls. Aujourd'hui la France compte des zones où sont concentrées les logements sociaux, et l'État entend bien mener une autre politique de la ville. C'est donc fort à propos que la mairie de Paris vient d'inaugurer 220 habitations à loyers modérés dans l'un des quartiers les plus chics de Paris : le 16e arrondissement. Rue Chardon-Lagache, la municipalité a exercé son droit de préemption sur un immeuble comprenant 9 logements et un commerce. Le bailleur Elogie a signé un bail emphytéotique, s'engageant ainsi sur des travaux de rénovation avec livraison en 2017. L'opération aura coûté 2,2 millions d'euros en tout, et débouchera sur 10 logements à caractère social. À 2 pas du Trocadéro, 45 ménages bénéficieront d'un emplacement que d'autres vont jusqu'à payer plus de 10 000 €/m². Le prix de reviens de cette opération se limitera à 10,5 millions d'euros, et visera à doubler le nombre de logements actuels. Toujours dans le très chic 16e arrondissement, le promoteur Sodearif transforme un ancien garage Renault en un immeuble mixte, accueillants 38 logements sociaux et 42 en accession. L'opération permettra à la mairie de Paris d'acheter ces habitations à caractère social pour le prix défiant toute concurrence de 4000 €/m², dans une ville dont le prix de l'immobilier moyen avoisine les 7960 €/m². Quand Paris tente d'endiguer la sous-location des HLM S'il faut du temps pour trouver un logement social lorsque l'on s'adresse aux services concernés, sur Internet ça va plus vite. Les sites d'annonces immobilières de particuliers à particuliers regorgent d'annonces d'habitations à loyers modérés, mises en sous-location par les bénéficiaires. Et beaucoup se font avoir, pour finalement être délogé après un contrôle car la sous-location d'un HLM est absolument interdite. D'autant plus que certains bénéficiaires peu scrupuleux demandent des prix avoisinant le loyer parisien moyen. Alors pour lutter contre ce fléau, la Ville de Paris signe un accord avec « de particulier à particulier » et « le bon coin », visant à avertir l'internaute de l'irrégularité de la procédure. Car s'il faut bien avouer que la plupart des annonces ne sont que purement candides pour rechercher un échange de logements avec qui veut bien déménager, le procédé reste illégal. Des logements sociaux avec vue sur la tour Eiffel ? Le site de la mairie de Paris met en avant un projet urbain situé dans le 7e arrondissement de Paris, là où les notaires estiment le prix du m² à 10 710 € de moyenne. On n'y voit la photo d'un appartement rénové, équipé d'une large baie vitrée et d'une grande terrasse, avec vue sur les toits de Paris desquels dépasse la tour Eiffel. L'adresse se situe au un passage de la vierge, et fut pendant longtemps un centre de tri de la poste, avant d'être transformé en logements sociaux. Si la nouvelle est confirmée, reste à savoir qui sera l'heureux locataire bénéficiaire de cet emplacement de premier choix.