Immobilier neuf : la France n'arrive pas à construire

Décidément le courant ne passe pas entre le sommet de l'exécutif et les municipalités. Alors que le gouvernement multiplie les efforts pour relancer la construction, le nombre de permis de construire accordés diminue, et les mises en chantier se font de plus en plus rares. Les chiffres du mois de mai rendus publics la semaine dernière par le ministère du logement sont affligeants. En 3 mois les autorisations de projet ont chuté de -1,2 %, et les départs de chantier de -4,3 %. Seules les régions des Pays de la Loire et de l'Alsace semblent décidées à construire.

Lueur d'espoir pour les maisons individuelles ?

Davantage de permis de construire

De mars à mai, les permis de construire concernant les maisons individuelles ont augmenté de +0,2 %, par rapport aux 3 mois précédents. Un retournement de situation, car le dernier relevé pointait une légère baisse de -0,5 %. Il convient de rappeler que les acheteurs immobiliers souhaiteraient avant tout habiter dans une maison, dans la pratique ils doivent souvent se contenter d'une plus petite surface s'ils veulent résider au plus près des commerces et services, dans un bassin d'emploi.

D'après les données provisoires du ministère du logement, en mai 11 800 permis de construire ont été accordés pour des logements individuels, dont 8500 pour de l'individuel pur.

Toujours moins de nouvelles constructions

En revanche les performances ne sont pas aussi brillantes pour les démarrages de chantier. De mars à mai la France a entamé la construction de 26 400 maisons individuelles, une baisse de -8,8 % par rapport à la même période en 2014. En 1 an, 100 800 logements individuels purs ont ainsi été entamés, il s'agit d'une baisse de -9,2 % par rapport aux 12 mois précédents.

Et les résultats ne sont guère brillants pour un printemps, date généralement prisée pour les démarrages de chantier, les acquéreurs souhaitant emménager pendant les vacances scolaires. En 3 mois les débuts de construction sur les logements individuels ont baissé de -4,8 %, après avoir précédemment baissé de -3,3 %.

 

Les appartements neufs : espèce en voie de disparition ?

Les permis de construire se font plus rares

En 3 mois le nombre d'autorisations de construction sur des logements collectifs, y compris en résidence, est en recul de -2,3 %, après -1,1 % sur la période précédente. De mars à mai les municipalités ont donné leur accord sur 44 700 appartements neufs, ce qui est moins bien (-2,3 %) que les 3 mois précédents. Sur les 12 derniers mois, le compteur affiche 178 500 logements autorisés, une forte baisse (-9,5 %) par rapport à la période précédente, à l'époque où l'on commençait à discuter des moyens à mettre en œuvre.

Démarrages de chantier : la baisse après la hausse

La période décembre–février s'était pourtant terminé sur une bonne note. En plein hiver le commissariat général au développement durable enregistrait une hausse de +2,5 % des mises en chantier de logements individuels, résidences comprises. Mais voilà que la courbe s'inverse et plonge au cours des 3 mois suivants, avec -4,8 %.

En 1 an les promoteurs ont entamé la construction de 182 800 appartements neufs, ce qui est -3,4 % moins bien que l'année précédente. Ces 3 mois de printemps n'ont rien donné, avec une chute de -3,6 % des mises en chantier. D'après les chiffres du ministère du logement, à la fin du mois de mai il resterait 166 900 habitations à mettre en chantier. On est encore loin du compte, et pourtant les efforts ne manquent pas.

 

Cessions de foncier, tables rondes, incitation fiscales

Pour bâtir des programmes immobiliers il faut des terrains, et ceux là les municipalités ne sont pas prêtes à les vendre. Il semble que le bras de fer entre les maires et l'État soit bien engagé sur le dossier des logements sociaux. Dès cet été les préfets vont entrer dans la danse, en se substituant aux maires pour délivrer des permis de construire afin de respecter la règle des 20 %. Depuis la loi ANRU, une commune se doit de posséder 20 % de logements sociaux.

Ce n'est pas la volonté qui manque du côté de l'exécutif. La ministre du logement, Mme Sylvia Pinel, parcourt les 4 coins de la France, à la rencontre des collectivités locales. Un conseil réunissant promoteurs et représentants de l'État réunit désormais une vingtaine de membres, qui sont chargés d'émettre des propositions visant à abaisser le coût de construction, pour les répercuter in fine sur l'acheteur. Fini les garages à vélos coûteux, et désormais les appartements neufs peuvent être proposés sans places de parking.

Car malgré l'élargissement du PTZ+, dont les revenus d'éligibilité ont été rehaussés afin de toucher plus de ménages, les primo accédants ne reviennent toujours pas vers l'immobilier neuf. Si les promoteurs notent une hausse de 10,4 % des ventes au 1er trimestre 2015 par rapport à celui de 2014, les accédant sont moins nombreux (-3,3 %), tandis que les investisseurs reviennent en nombre (+59,4 %).

En définitive le cheval de bataille de l'immobilier neuf reste la loi de défiscalisation Pinel. Cette version basée sur le principe des dispositifs précédents, à savoir une remise d'impôt contre l'achat d'un logement neuf mis en location, avait pourtant bien failli ne pas voir le jour. À l'automne la majorité parlementaire contestait la faculté donnée aux investisseurs de louer à leurs enfants, cette mesure avait donc finalement pu passer grâce aux voix de l'opposition.

Aujourd'hui le succès est au rendez-vous, les notaires avancent même un désintérêt du public pour les petits appartements parisiens, généralement cibles des investisseurs. Pour les études notariales, la loi Pinel vient clairement concurrencer l'investissement locatif dans l'ancien.

 

Les efforts commencent peut-être à payer

Certains chiffres rendus publics par le commissariat général au développement durable prêtent toutefois à l'optimisme. Le délai moyen d'ouverture d'un chantier de construction de logements collectifs, est en ce moment de 7,9 mois, inférieur à sa moyenne de 10,8 mois. Cela va encore plus vite dans le logement individuel, avec un délai de 4,6 mois, contre une moyenne de longue période de 5,2 mois.

Mais ces chiffres concernent les projets qui sont arrivés au bout de la route, de la signature du permis de construire au premier coup de pelleteuse. Car dans la pratique le taux d'annulation de construction représente 20 % des projets de logements collectifs, et 15,4 % de logements individuels. Des résultats encore au-dessus de leur moyenne respective, à 19,1 % et 13,4 %.

Les promoteurs ne trouvent pas toujours suffisamment d'acheteurs, peut-être faute de budget. Sauf lorsqu'ils construisent dans les Pays de la Loire, où le nombre de permis de construire délivrés a augmenté de +3,5 %, et les démarrages de chantier de +0,6 %. Mais la championne toutes catégories restent l'Alsace, qui en 1 an a construit +17 % de plus que l'année dernière, et obtenu +14,3 % d'autorisations de construire supplémentaires. Un exemple à suivre.

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