Selon la dernière note de conjoncture immobilière des notaires Paris-Ile-de-France, la hausse des prix s’est poursuivie au cours du troisième trimestre 2018. Le prix médian à Paris atteint 9 500 euros/m², soit une hausse de 6,2% sur un an. Analyse. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, sauf à Paris ? Les prix de la pierre dans la capitale continuent de grimper. Un arrondissement sur deux affiche désormais un prix à plus de 10 000 euros le m² ! Pourtant, cette hausse des prix continue observée depuis des mois ne freine pas les acheteurs. En effet, dans la capitale, le volume des transactions est en léger repli de 3% à peine au troisième trimestre 2018 comparé à la même période 2017. Une tendance qui se retrouve dans les autres départements franciliens, où la baisse du nombre de ventes se limite visiblement à 3% pour l’année 2018 dans l’ensemble de la région comparativement à l’an dernier. L’immobilier parisien augmente sans cesse depuis mi 2015 10 arrondissements sur 20 affichent désormais des prix supérieurs à 10 000 euros du mètre carré, soit un arrondissement sur deux. En tête du podium des arrondissements qui se monnaient hors de prix : le VIe arrondissement, avec un prix médian de 13 010 euros/m², selon la dernière note de conjoncture publiée hier par la chambre des notaires de Paris-Ile-de-France. Prix parisiens : + 6,2 % en un an ! A noter qu’au printemps 2015, le marché du logement avait renoué avec la croissance. Depuis le nombre de ventes et les prix de la pierre augmentent pratiquement sans cesse, trimestre après trimestre. Avec ses tarifs prohibitifs, l’immobilier parisien est inaccessible aux revenus modestes et intermédiaires. Quel est le prix médian de la pierre dans la capitale ? 9 500 euros/m², en hausse de 6,2% sur un an ! Est-on arrivé à un plafond ? Pas vraiment… D’après les indicateurs avancés sur les avant-contrats, les notaires franciliens annoncent un prix de 9 670 euros/m² à Paris pour janvier 2019 ! Soit une hausse annuelle des prix qui approcherait 7 %. Prix parisiens : +23% entre mi 2015 et janvier 2019 ! « Dans Paris, les hausses des prix ne sont pas aussi brutales qu’en 2010 par exemple. Cependant, près de quatre ans de hausses accumulées depuis la mi 2015, où le prix était passé à 7 880 €, conduiraient en janvier 2019 à un renchérissement de 1 790 € par m2 soit 23%», est-il précisé dans la note de conjoncture. Les prix des appartements anciens continuent d’augmenter, même si la hausse est devenue moins rapide. L’augmentation des prix est ainsi passée de 5,6 % au quatrième trimestre 2017, à 4,2 % au troisième trimestre 2018. Par contre, pour les maisons, principalement localisées en Grande Couronne, l’augmentation des prix sur un an est plus modérée, passant de 2,7 % au dernier trimestre 2017, à 2 % au troisième trimestre 2018. Seul le 19e arrondissement affiche encore un prix inférieur à 8 000 € le m² A Paris, le prix au m² des appartements a augmenté de 6,2% en un an pour atteindre 9 500 € le m². Un arrondissement sur deux affiche un prix au m² supérieur à 10 000 €. A l’instar des 8ème, 9ème et 16ème arrondissements, qui viennent de franchir ce cap des 10 000 euros. Seul le 19e arrondissement affiche encore un prix « plus modéré », en tout cas inférieur à 8 000 € le m² avec un prix médian de 7 800 euros/m² précisément. Marché très tendu En presque vingt ans, la région Ile-de-France a gagné 1,3 million d’habitants avec une population passant de 10,9 millions en 1999 à 12,2 millions en 2018. Autant de personnes à loger. Du coup, le marché du logement est plus tendu que jamais en raison de la demande qui reste largement supérieure à l’offre. Conséquence inéluctable : cette tension tire les prix vers le haut. Et elle se répercute en banlieue, comme le prouvent les prix des appartements anciens : 5 790 euros/m² dans les Hauts-de-Seine, 4 470 euros/m² dans le Val-de-Marne et 3 460 euros en Seine-Saint-Denis. Marché de report en Grande couronne Pour trouver des prix plus raisonnables, il faut s’éloigner de la capitale et de la Petite Couronne et prospecter dans les départements de Grande couronne, où les tarifs médians s’établissent autour de 2 640 euros le m² dans l’Essonne et en Seine-et-Marne, 2 720 euros le m² dans le Val-d’Oise. Attention malgré la distance, les Yvelines affichent un prix médian supérieur à celui de Seine-Saint-Denis (situé en Petite Couronne) : 3 840 euros le m². Des taux d’intérêt toujours très attractifs L’année 2018 devrait se conclure sur un volume de ventes proche du plus haut historique de 2017, selon les notaires. Des taux d’intérêt toujours très attractifs et le désir de devenir propriétaire continuent de mobiliser les acquéreurs en Ile-de-France. Le marché immobilier est donc resté très actif au 3e trimestre 2018 et le volume de ventes de logements anciens aussi soutenu qu’à la même période en 2017. Les indicateurs des notaires franciliens font état d’un haut niveau d’activité en octobre et tout laisse à penser que le volume de ventes restera élevé en 2018, pratiquement équivalent à 2017 (de l’ordre de -3%), malgré le léger tassement au premier semestre 2018. Au troisième trimestre, de nouveaux records d’activité ont été établis dans certains secteurs géographiques et certains types de logements. Au total, 133 150 logements anciens ont été vendus pendant les neuf premiers mois de 2018 (- 5 % comparé à la même période en 2017). Pour l’heure, le marché reste sous perfusion avec des taux d’intérêt très bas, qui permettent d’augmenter le pouvoir d’achat de acquéreurs. Vers un maintien de la fluidité ? La bonne tenue de l’activité se prolonge et le marché immobilier se consolide à un niveau historiquement élevé. Dans un marché globalement fluide, les acquisitions sont toujours facilitées par des conditions de financement très avantageuses qui permettent des durées d’emprunt longues. Parallèlement, des facteurs structurels incitent à l’achat : valeur-refuge représentée plus que jamais par le logement, faible taux de propriétaires en Ile-de-France, marché locatif tendu. Les tensions sur l’offre, structurellement trop faible en Ile-de-France, et le niveau élevé des prix, n’entravent pas pour le moment cette dynamique. L’activité devrait rester soutenue dans les prochains mois mais reste dépendant des taux, dont les hausses annoncées sont sans cesse repoussées, et dans un contexte où des tensions économiques et sociales demeurent. « A terme, le projet de loi ELAN et le Grand Paris devraient également contribuer à l’élargissement du marché et offrir de nouvelles opportunités d’acquisitions aux Franciliens », concluent les notaires. Alexandra Boquillon