Le recensement de l'INSEE sur l'année 2012 vient de paraître, et il est édifiant. Sur les 8 millions de familles avec au moins 1 enfant mineur, 80 % vivent dans l'espace des grandes aires urbaines. Oui mais voilà, elles sont de moins en moins nombreuses, préférant s'éloigner davantage des zones tendues afin de trouver des logements plus abordables, et plus grands. À un tel point que les couronnes des grandes villes perdent davantage de familles que les centres-villes. On est plus heureux dans le centre de la France, la preuve est que les familles les plus pauvres habitent, soit dans le nord, soit dans le sud. Centre-ville et grande couronne, même exode En 2012 il y avait 28,8 % de familles avec enfants mineurs dans les espaces des grandes aires urbaines, c'est ce que nous apprend le dernier recensement de l'INSEE paru hier. Sans surprise elles sont plus nombreuses en banlieue (31 %) qu'en centre-ville (22,3 %), dû à la variation des prix de l'immobilier. Plus globalement, on trouve 34,2 % de familles avec enfants mineurs dans les couronnes des grandes aires urbaines. C'est logique, car il faut bien se cantonner là où se trouve l'activité économique. Toutefois dans ces zones où l'emploi se concentre, le nombre d'habitants crée l'inflation. Or lorsque l'on se rappelle que les prix des logements augmentent plus vite que les salaires, on comprend que des familles font le choix de s'éloigner davantage de ces aires urbaines, pour gagner du confort de vie. C'est ainsi que les banlieues ont perdu -7,8 % de familles avec enfants mineurs, entre 1990 et 2012. Au cours de cette même période les centres-villes n'en perdaient que -6 %. Certains y verront une preuve que le fossé entre les catégories socioprofessionnelles ne cesse de s'agrandir. On pourrait effectivement interpréter cet écart de courbe par le fait que moins de cadres et professions libérales ont été touchés par les crises économiques de 2001 et 2008. Pour autant les familles avec enfants mineurs ne s'exilent pas en pleine campagne. En 2012 la part de ces ménages réside dans des communes isolées « hors influence des pôles » s'établissait à 23,7 %, en baisse de -2,6 % entre 1999 et 2012. Les logements sont plus spacieux au sein des grands pôles Selon la définition qu'en donne l'INSEE, un grand pôle est une unité urbaine renfermant au moins 10 000 emplois, qui ne se trouve pas dans la couronne périurbaine d'un autre pôle urbain. Plus clairement, il s'agit d'une zone géographique définie, pouvant regrouper plus ou moins de communes. Par exemple, en 1999 l'INSEE recensait 354 grands pôles regroupant 3100 communes, et 35,7 millions d'habitants. La vie est plus abordable au sein de ces zones géographiques, car 8 ménages sur 10 vivent dans un logement de 4 pièces ou plus. Il reste que 84 % des familles avec enfants mineurs habitent dans « l'espace des grandes aires urbaines », terminologie qui englobe ces zones présentant un bassin de plus de 10 000 emplois. Comme pour confirmer la théorie de l'exode rural, on constate une présence de 33 % de ménages avec enfants mineurs, dès lors que l'on quitte la couronne urbaine de Paris. Ces installations de familles remontent même jusqu'en Picardie, et s'étendent à l'est vers la Champagne. Elles représentent également 33 % des ménages en dehors des périphéries de Rennes et Nantes, ces 2 métropoles étant des forts bassins économiques, accessibles par des voies de transport efficace. Même son de cloche à Bordeaux, Toulouse et Lyon. On constate d'ailleurs que dans la ville rose la proche périphérie Est concentre moins de 24 % de familles avec enfants mineurs. Ces dernières se sont installées à l'opposé, dans la proche périphérie Ouest. L'exode rural commence au XXIe siècle L'INSEE propose une comparaison intéressante, sous la forme de 2 cartes, représentant les baisses du nombre de familles avec enfants mineurs, entre 1990 et 2012, comparée à la période 1999–2012. On s'aperçoit, que ramené sur 22 ans, les grandes métropoles de l'Ouest, la région parisienne, le bordelais, le toulousain et la région PACA, perdent peu de ces familles. En revanche sur la période 1999–2012, seule la région parisienne conserve ces ménages avec enfants mineurs. Partout la baisse et rude, particulièrement dans le nord-est, zone où l'économie est particulièrement atone. On constate également que la bonne santé des métropoles de Rennes et de Nantes ont maintenu le nombre de familles avec enfants mineurs, depuis le début de ce siècle. Les familles monoparentales habitent surtout dans le Sud La part de familles monoparentales dont au moins un des enfants est mineur, dépasse 24,5 % sur tout le pourtour méditerranéen. La proportion diminue à moins de 16 % dans le Grand Ouest, sur les côtes picardes ainsi que dans l'arrière-pays provençal. Un rapport de l'INSEE s'est récemment penché sur leur sort, pour en déduire que les conditions de logement s'aggravent après un divorce ou une séparation. Par ailleurs la part des familles au sein desquelles aucun parent n'a de travail, est plus importante tout au nord et tout au sud, dans les Bouches-du-Rhône. Même son de cloche chez les familles à bas revenus, parmi celles percevant des indemnités de la caisse d'allocations familiales. Ces ménages pauvres se concentrent majoritairement dans le nord, et dans le sud. On constate par ailleurs que le niveau de vie est meilleur dans le Grand Ouest, toujours sous la poussée de métropoles dynamiques. On notera également la faible proportion de familles pauvres autour de Brest, sans doute un effet du bassin économique amené par la Marine nationale. Les prix des logements conduisent à la surpopulation On sait déjà qu'1 famille sur 10 vit dans un « logement surpeuplé ». Cette dénomination s'adresse aux habitations dans lesquelles on compte moins d'1 pièce pour 2 personnes, en supplément de la salle de séjour. Selon le rapport de l'INSEE, à Paris et Nice on trouve 37 % des familles avec enfants mineurs vivant dans un logement surpeuplé en centre-ville, contre 25 % en banlieue. On se rend compte également que la Corse est concernée par le surpeuplement des logements, à l'exception de certaines régions du centre. Même son de cloche pour les régions d'outre-mer, ainsi que sur la périphérie marseillaise. Nul doute que les prix de l'immobilier obligent certains ménages à se serrer dans un logement, pour habiter en centre-ville, proche des commodités. On en revient donc au choix initial : rester dans des zones tendues mais se serrer, ou s'éloigner en zone périurbaine et plus loin, pour plus d'espace mais plus d'heures de transport.