Les taux immobiliers remontent mais restent attractifs

Après 2 ans de baisse, il semble que le marché des prêts immobiliers ait atteint le creux de la vague. Désormais Vousfinancer.com compte une douzaine de banques ayant déjà remonté leurs taux, alors que les autres ont fait part de leur intention de le faire au cours des prochaines semaines. Pour autant on assistera pas à un brusque changement de situation, le pouvoir d'achat immobilier des ménages restant encore bien supérieur à ce qu'il était au début de l'année 2012. Dans le pire scénario d'une hausse de 0,50 % du taux moyen, les mensualités resteraient attractives.

Les taux immobiliers remontent invariablement

Depuis le milieu du mois dernier, une douzaine de banques nationales et régionales ont augmenté leur taux d'emprunt immobilier. Elles ont toutefois bien fait attention de ne pas être labellisées « chères », en appliquant une hausse maximum de 0,30 point. D'autres plus prudentes se sont contentées de relever leurs conditions de 0,05 points.

Il s'agit donc pour l'instant de cas isolés, mais dont les rangs grossissent de jour en jour. Car selon Sandrine Allonier, responsable des relations banque chez Vousfinancer.com, « certaines [banques] ont déjà annoncé qu'elles augmenteraient leur taux dans les prochaines semaines ».

Car cette correction est quasiment inévitable, la faute aux marchés financiers qui ne prêtent plus aussi facilement. Alors qu'à la fin avril la France empruntait toujours à des taux en dessous de 0,5 % pour des remboursements à 10 ans, il y a quelques jours les investisseurs institutionnels ont rehaussé la barre à 1,17 %.

Jérôme Robin, président et fondateur de Vousfinancer. Comme, explique l'incidence sur le calcul des banques : « S’il n’y a pas de lien direct entre taux d’emprunt d’Etat et taux de crédit immobilier, pour les banques l’OAT 10 ans est une référence leur permettant de déterminer le niveau des taux de crédit, avec une marge d’ajustement plus ou moins importante selon leur politique commerciale ».

 

Un pouvoir d'achat immobilier toujours en hausse

Après 2 ans de baisse ayant vu le taux moyen observé par la société de caution Crédit Logement descendre sous la barre des 2 % pour l'immobilier ancien, la stagnation est en train de s'installer. On reste toutefois loin, très loin même des conditions d'il y a 2 ans, alors que l'emprunteur moyen obtenait 4 % au début de l'année 2012. Ceux qui ont attendu jusqu'à la mi 2013 ont pu emprunter autour des 3 %, puis la courbe est descendue sans s'arrêter jusqu'en mai 2015.

Les ménages ayant souscrit leur prêt immobilier il y a 2 ans, continuent de diminuer fortement leurs mensualités grâce à la renégociation de taux. Ceux qui sont en ce moment même en phase de projet pourraient bien se décider rapidement, pour se trouver désormais face à cette phase de retournement dont ils voulaient profiter.

Eu égard au nombre de ménages ayant envie de concrétiser un projet immobilier, il est raisonnable de tabler sur le fait que les demandes de financement vont augmenter au cours des semaines qui suivent.

La stratégie d'attentisme était de rigueur, les candidats acheteurs guettaient le moment où la baisse des taux aurait atteint son plus bas niveau, et conservaient un œil sur l'ajustement des prix du m², particulièrement en Île-de-France.

Aujourd'hui une mensualité de 1040 € hors assurance, permet d'emprunter 192 229 € sur 20 ans, pour un coût moyen de 49 703 €. En janvier 2012 il fallait une mensualité de 1244 € pour emprunter 160 796 €, pour un coût total de 98 514 €.

 

Quel scénario lorsque les taux de prêt immobilier augmentent ?

Sandrine Allonier écarte un scénario de remontée brusque. Car si les agences ont reçu moins de barèmes de taux de la part des banques ces temps derniers, il s'agit d'une stratégie d'attentisme. Chacune guette du coin de l'œil ce que va faire l'autre, préférant laisser la concurrence faire le premier pas.

Mais surtout le prêt immobilier reste un pôle important pour une enseigne. Les défauts de remboursement étant rares, il s'agit d'un placement sur qui s'accompagne de la domiciliation de compte. Les banques entendent ainsi se bâtir une clientèle à long terme, et n'ont aucune intention d'en laisser une miette à la concurrence.

Jérôme Robin rappelle que non seulement les hausses de taux sont encore loin d'être générales, mais surtout la négociation reste possible. Les agences bancaires sont toujours enclines à accorder des conditions préférentielles pour les meilleurs dossiers. Ainsi pour l'instant l'impact ne se fera que peu ressentir pour les emprunteurs, jusqu'à ce que toutes les banques aient finalement relevé leurs taux.

Si l'on considère possible une hausse de 0,10 points, cela amènerait un taux d'emprunt aux alentours de 2,40 % sur 20 ans. Avec une mensualité de 1050 €, un ménage pourrait alors emprunter 190 460 €, ce qui à terme lui coûtera 52 021 € d'intérêts.

Si dans un scénario plus sombre l'on arrive à un taux d'emprunt immobilier à 2,80 % sur 20 ans, une mensualité de 1089 € permettra d'emprunter 183 608 €. À terme les intérêts coûteront 61 427 € au propriétaire. On reste donc loin des conditions disponibles en janvier 2012, toutefois on s'éloigne de plus en plus des bonnes affaires du mois de mai.

 

Les prix de l'immobilier pourraient remonter en Île-de-France

C'est dans ce contexte que les notaires de la région parisienne s'attendent à ce que les prix de l'immobilier remontent à Paris pas plus tard qu'au mois de juillet. Il s'agirait toutefois d'une saisonnalité, la demande étant plus forte durant les mois d'été.

Rappelons toutefois que la négociation reste de mise, autant au niveau du prix du logement convoité que du taux du financement. Toutefois si les ménages ayant un projet immobilier en cours remplissent des demandes de financement afin d'emprunter avant que les taux ne remontent, le marché se retrouvera avec un nombre grandissant d'acheteurs.

La conséquence pourrait donc être également une stabilisation des prix de l'immobilier, tout du moins au sein des métropoles dynamiques. Récemment le baromètre des écarts de prix présenté par Le Figaro.fr, faisait état d'une marge de négociation descendue de 4,74 % à 4,65 %. Le prochain relevé en dira sans doute beaucoup sur la tendance du marché immobilier actuel, et sur le chemin qu'il va prendre au cours des prochains mois.

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