Cette fin de semaine nous apporte de bonnes nouvelles, l'une par la voix de l'INSEE, l'autre par celle de la Banque de France. Le premier nous apprend que la croissance devrait être d'1,2 % cette année en France, et que le chômage pourrait se stabiliser dès le 2e trimestre. La seconde nous montre que le surendettement des ménages est en légère diminution, avec toujours une prépondérance des dettes de trésorerie dans leur fardeau.Tout cela ne suffira malheureusement pas à relancer le secteur de la construction nous apprend l'INSEE, tout simplement à cause d'une démographie mal en point. C'est dans ce contexte que les notaires nous amènent un portrait de leur acheteur immobilier typique, décrit comme âgé de plus de 45 ans et cadre supérieur. Le surendettement des Français diminue Un encours de dette en diminution au 1er trimestre En 1 an la commission de surendettement de la Banque de France a accueilli 226 338 dossiers, ce qui représente une amélioration de - 0,4 %. Cette année les plans conventionnels ont diminué de moitié, 30 859 cas ont donné lieu à une restructuration de dettes, contre 65 700 cette année précédente. En revanche c'est la solution des "mesures imposées et recommandées" qui a pris le pas, pour doubler jusqu'à 103 518 dossiers. Dans l'état la procédure change mais le fond reste le même : les membres de la commission tentent de réaménager le paiement des mensualités des crédit souscrits par les surendettés. Au 1er trimestre 2015 la France compte 1,5 milliards de dettes financières en litige, contre 1,6 milliards au 4e trimestre. C'est donc une bonne nouvelle, non seulement le nombre de dossiers de surendettement diminue, mais les montants dûs font de même. Les prêts de trésorerie sont les coupables de l'endettement Les trimestres passent et se ressemblent, de janvier à mars ce sont encore les crédits à la consommation qui pèsent dans l'endettement des ménages. Alors que l'on ne retrouve de prêts immobiliers que dans 12,9 % des dossiers, 84,6 % des demandeurs présentent des prêts de trésorerie difficiles à rembourser. Car les crédits à la consommation affectés et la LOA ne sont présents que dans 3,2 % des cas, et ne représentent que 0,9 % de l'endettement total. En revanche les dettes de trésorerie telles que les crédits renouvelables et les prêts personnels font toute la différence. Tout d'abord on trouve 13 700 € de crédits renouvelables dans le panier moyen du surendetté, pesant 23 % dans ses problèmes. Lorsqu'ils sont présents, les prêts personnels se montent à 17 300 €, et représentent 19,8 % de l'endettement. On ne peut s'empêcher de conclure qu'ils ont été souscrits afin de rembourser d'autres dettes, notamment des dépenses liées au logement. Car les dettes de charges courantes se retrouvent dans 81,9 % des dossiers au 1er trimestre, pour une moyenne de 5200 €. Le surendetté moyen se trouve en défaut de paiement de ses notes d'énergie, de communication, mais surtout de loyer. L'acheteur immobilier moyen prend de l'âge C'est un portrait inattendu que nous dressent les notaires de France. En effectuant un sondage auprès de 5000 membres inscrits sur leur site d'annonces immobilières Immonot, ils obtiennent une de vue précise de l'acheteur immobilier qui utilise leurs services. Tout d'abord on constate qu'il est dans la force de l'âge, car 70 % des personnes interrogées ont plus de 45 ans. Les primo accédants ne sont donc que peu représentés parmi cette clientèle, qui est surtout attachée à l'immobilier ancien (87 %). Il s'agit principalement de cadres supérieurs pour la moitié d'entre eux, mais leurs revenus ne sont pas pour autant si élevés. Ils sont 2/3 à déclarer gagner plus de 2300 €, et seuls 30 % pensent disposer d'un budget de plus de 250 000 €. Il reste toutefois 25 % de cette clientèle ayant pour projet d'investir dans l'immobilier. Rappelons que ces données ont été récoltées sur enquête, et non pas après signature de promesses ou d'actes de définitif de vente. La signature d'avant-contrat peut se faire entre particuliers, mais dans la pratique les acheteurs préfèrent consulter un notaire afin de s'assurer que le contrat est à leur avantage. L'acte de vente se fait dans une étude notariale, le notaire perçoit les sommes payées par l'acheteur, déduit le montant de la dette et des taxes, puis reverse sa part à l'acheteur. L'économie française se porte mieux Il y a eu la baisse des taux d'emprunt depuis 2 ans, mais cela n'a pas suffi à faire revenir les acheteurs sur le marché de l'immobilier. À ce facteur s'est ajouté le retour à la raison des vendeurs, qui ont accepté d'abaisser leurs prix, rendant la pierre française légèrement plus abordable. Et pourtant cela n'a pas suffi à relancer les transactions car les ménages attendaient que la croissance revienne. Et bien justement un rapport de l'INSEE paru hier pourrait bien leur donner ce déclic tant attendu. Alors que la note de conjoncture de mars prévoyait un rebond de la croissance de 0,4 % au 1er trimestre, voilà qu'elle atteint finalement 0,6 %. La consommation des ménages a augmenté de 0,8 %, drainant une hausse de 1,3 % de la production manufacturière. Mais selon l'INSEE il ne s'agirait pas d'un accident, car le 2e trimestre s'annonce tout aussi bien. L'institut prévoit une hausse de 1,8 % du commerce mondial sur la période avril – juin, puis 1,3 % pour les 3 prochains mois, et enfin 1,5 % pour le dernier trimestre. En France, les ménages empruntent davantage même si dans une moindre mesure. Les entreprises exportatrices devraient profiter d'un regain de dynamisme mondial, venant s'ajouter à un climat des affaires plutôt stables en ce printemps 2015. Et pour ceux qui ne seraient pas convaincus : l'INSEE prévoit désormais une stabilisation des chiffres du chômage au 2e trimestre. Mais il reste du chemin à faire, il faudrait une croissance d'1,6 % par an sur une longue période afin de neutraliser les pertes d'emplois. L'immobilier neuf décolle pas Il fallait bien une note de morosité dans toutes ces bonnes nouvelles. Elle émane également de l'INSEE, et porte un regard pessimiste sur le secteur du bâtiment. L'investissement locatif des ménages recule en moyenne de 3,8 % par an depuis 2008, en termes de volume de logements achetés. Ce ralentissement serait à lui seul responsable de la perte de 0,3 points de base de croissance en 2014. Le rapport note toutefois que la courbe « décline un peu moins rapidement » depuis 2010. Le responsable de ces mauvais résultats serait l'accédant à la propriété. Depuis les années 2000, les ménages achetaient de l'immobilier neuf pour en faire leur résidence principale, augmentant ainsi les constructions de 5,4 % en moyenne par an. Mais à partir de 2008 tout s'écroule, les accédants désertent les agences des promoteurs, seuls les investisseurs continuent de soutenir le bâtiment, à la recherche des remises d'impôt proposées par les dispositifs fiscaux. Toutefois il semble qu'un facteur démographique viennent semer ses grains de sable dans un mécanisme qui tente de se relancer. C'est que l'on compte 260 000 nouveaux ménages par an depuis 2008, à peu près le même rythme que l'on observait dans les années 1990. Depuis l'arrivée de la crise économique sur les rivages de l'Europe, la population ne croît plus qu'à un rythme annuel de 0,5 %, rien à voir avec l'explosion du début du siècle.