Selon l’Observatoire Clameur, les loyers du secteur privé sont restés assez stables en 2017. En légère baisse de -0 ,1%. Depuis 2013, ils augmentent moins vite que l’inflation. Cette stabilité permet un recul de la vacance locative. Mais en revanche une baisse de l’effort d’entretien des logements se vérifie d’année en année. Quelles sont les perspectives pour 2018 ? Analyse de Michel Mouillart, auteur de l’étude publiée le 6 mars. La tendance se confirme mois après mois et d’année en année. Les loyers du secteur privé reculent encore de 0,1% en 2017, alors que l’inflation progresse de 1% selon les données de l’Observatoire Clameur publiées dans une étude parue le 6 mars dernier. « De 2013 à 2017, les loyers de marché ont augmenté de 0,3% par an alors que l’inflation annuelle atteint 0,6% sur la période », indique Clameur. « Depuis le décrochage de 2007, les loyers ont progressé de 1% par an, contre 1,2% pour l’inflation. » Rénovation énergétique remise en question En dépit d’une très légère embellie constatée en 2016, la dégradation de l’effort d’entretien se poursuit. En 2017, l’effort d’amélioration est descendu à 14.3 %, c'est-à-dire à son point le plus bas depuis 20 ans. Des perspectives d’évolution des recettes locatives infimes, des dispositifs d’encadrement des loyers … autant de paramètres freinant la volonté d'entretenir les biens et de les améliorer entre deux locataires. Pire, « dans ces conditions, les ambitions de rénovation énergétique du gouvernement sont remises en question. », pointe Michel Mouillart Disparités régionales Les situations diffèrent selon les villes. En 2017, les loyers ont baissé dans 49,3% des communes de plus de 10.000 habitants. Des hausses de loyers supérieures à l’inflation ont été enregistrées à Nice (+ 2,4%), Lyon (+ 2,3%), Montpellier (+ 2%) et Nîmes (+ 2%). A l’inverse, des baisses ont été relevées à Grenoble (- 2%), Rennes (- 3,7%) et au Havre (-3,8%). Les loyers parisiens, quant à eux, progressent de 1%. Un encadrement des loyers peut en cacher un autre Comment analyser cette relative stabilité des loyers ? Même si l’encadrement des loyers a été retoqué à Paris et à Lille, un bailleur qui change de locataire ne peut pas augmenter son loyer en toute liberté. Dans les grandes agglomérations, le montant dépend de l’indice de référence des loyers (l'IRL), ce qui limite les hausses au maximum. Exemple : un propriétaire loue 1000 euros par mois son bien à un locataire . Ce dernier quitte son appartement parisien. Malgré l'encadrement des loyers retoqué en 2017, au moment de la relocation du bien en 2018, le propriétaire-bailleur qui souhaite augmenter le loyer, ne pourra pas aller plus haut que le loyer précédent (1000 euros), majoré de l’IRL (environ 1 % début 2018), soit un total de 1010 euros tout au plus. Quelles tendances pour 2018 ? Après un second semestre 2017 pénalisé par l’attentisme de la demande, la mobilité des locataires du parc privé s’est redressée en janvier/février 2018. En effet sur ce bimestre, le taux de mobilité « atteint 30,6% », constate Clameur. « Un tel sursaut n’est pas inhabituel : il exprime presque toujours un rattrapage de la demande. » Dans le même temps, les loyers de marché progressent de 0,8% sur janvier/février 2018 par rapport à la même période de 2017. « Les tensions sur les loyers restent donc contenues, face à une demande budgétairement fragile », analyse Michel Mouillart. Et de pointer un contexte empreint d'incertitudes, à commencer par un marché du travail convalescent, un pouvoir d’achat stagnant et des aides au logement en baisse. De quoi inciter les bailleurs à la sécurité, en proposant des loyers raisonnables. Et limitant ainsi la vacance locative. Alexandra Boquillon Source : Observatoire Clameur