Le bonheur du consommateur fait le malheur des finances publiques, et par effet ricochet du contribuable. Le coût de la vie ne se décide pas à augmenter, tout comme la courbe d'évolution des loyers qui suit inexorablement l'inflation. Les locataires ne paieront donc pas plus, les bailleurs n'empocheront pas plus, et tous en profitent visiblement pour retrouver le chemin de la consommation. Malgré cette ambiance de croissance au ralenti, les ménages souscrivent davantage de crédit immobilier et consommation. L'indice de référence des loyers ne décolle pas Les baux de location signés au 4e trimestre 2015 l'ont été pour des montants inférieurs de -0,01 % à ceux du 4e trimestre 2014. Une différence insuffisant pour parler de baisse des loyers, l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) préfère parler de quasi stabilisation. Fini les augmentations intempestives survenues entre le 3e trimestre 2011 et celui de 2013, qui avait sans doute valu la création de la loi ALUR par l'ancienne ministre du logement, Madame Cécile Duflot. Déjà depuis le 1er janvier 2011, les loyers augmentaient de manière constante, jusqu'à atteindre un pic de +2,20 % au 2e trimestre 2012. La ministre d'alors proposa ainsi un encadrement général des loyers sur toute la France, et la mesure fut votée en mars 2014. Mais déjà à cette époque les augmentations de loyer avaient commencé à sévèrement diminuer, ainsi au cours du premier trimestre 2014 ces derniers n'avaient progressé que de +0,6 % par rapport à la même époque, l'année précédente. La hausse était donc enrayée, et le phénomène continuera de diminuer au cours des trimestres qui suivirent. On arriva ainsi à une augmentation des loyers de +0,02 % au 3e trimestre 2015, autant parler de stabilité. Et le couperet du 4e trimestre 2015 est tombé : pour le plus grand bonheur des locataires les bailleurs ne pourront pas procéder à une augmentation à la date anniversaire du contrat. Historiquement, l'IRL de l'INSEE se rapproche de l'inflation L'objet de l'indice de référence des loyers, est de permettre aux propriétaires bailleurs de faire évoluer leurs revenus locatifs en fonction du coût de la vie. Mais il présente également une barrière de sécurité pour le locataire, qui de son côté ne veut pas subir de hausse de loyer incontrôlée et intempestive. Il n'y a plus qu'à regretter que la hausse de ses revenus ne suive pas la courbe de l'IRL de l'INSEE, ni celle de l'inflation. En décembre, l'indice des prix à la consommation gagne +0,2 %, après une baisse de -0,1 % en novembre. La baisse du prix du carburant y est pour beaucoup, alors que le coût des services et des primes d'assurance est en augmentation, respectivement de +0,6 % et +2,9 % sur 1 an. En janvier 2011, l'indice de l'inflation se situait à 120,32 pour finir à 126,03 en décembre 2015. Durant cette période, le coût de la vie a donc augmenté de +4,7 % en moyenne. En janvier 2011, l'indice de référence des loyers s'établissait à 119,69, pour atteindre 125,28 au 4e trimestre 2015, soit une hausse de +4,6 %. Conclusion : les loyers augmentent légèrement moins vite que l'inflation. Rappelons d'ailleurs que si l'augmentation des loyers est un droit, une clause spécifique doit être présente au sein du contrat de location. Si aucune date de révision n'est précisée, la mise à jour ne peut avoir lieu qu'à la date d'anniversaire de la signature. Si le propriétaire n'utilise pas son droit tous les ans, il ne pourra pas le faire jusqu'à la fin du contrat. Les prix sont stables, et les français consomment La relative stabilité des prix intervenue depuis 2015, ne fait pas l'affaire des finances publiques. Si les prix n'augmentent pas, le chiffre d'affaires des entreprises risque de faire de même, autant pour les rentrées fiscales prévues dans le budget 2015. Bercy s'était basé sur une inflation à 0,9 %, or avec seulement 0,2 % Il faudra forcément compter sur moins de ressources. Une mauvaise nouvelle dans une période où de grands travaux et donc de grandes dépenses sont nécessaires, menace terroriste et période préélectorale oblige. D'autant plus que le budget 2016 a été monté sur une prévision de 1 % d'inflation. Un manque à gagner en termes de recettes fiscales, si jamais cet objectif ambitieux n'était pas atteint. Heureusement le moral des ménages remonte, et les Français retrouvent le chemin de la consommation. D'après la Banque de France, ils ont souscrit pour 4,5 milliards d'euros de prêts amortissables à la consommation en novembre. Cela représente une hausse de +4,9 % par rapport à novembre 2014, alors que déjà les mois de septembre et octobre avait affiché une poussée de +4,3 %. Même scénario du côté des crédits à l'habitat, en novembre les foyers en ont souscrit pour 15,3 milliards d'euros, une progression de +3,8 % selon les chiffres de la banque centrale. On notera toutefois que l'encours des nouveaux crédits immobiliers ne cessent de diminuer de mois en mois. Cela n'est pas dû à un désintéressement des ménages pour la résidence, mais plutôt à une perte de terrain de la renégociation de crédit. À ce jour, la majorité des ménages ayant emprunté à des taux élevés avant 2012, ont déjà fait renégocier leur contrat afin d'abaisser leurs mensualités. Il est par ailleurs fort possible que ce gain de pouvoir d'achat ait participé à la relance de la consommation. Et pourtant les taux d'emprunt immobilier ont amorcé une remontée depuis le mois de juin, stoppée net toutefois par une stabilisation des taux nominaux en décembre. La Banque de France observe que le taux effectif moyen au sens étroit, s'établissait à 2,18 % en juin, pour grimper jusqu'à 2,36 % en novembre. C'est en revanche un comportement différent du côté de la courbe des prêts à la consommation, qui font le yo-yo. De 4,47 % en juin on est monté à 4,57 % en août, après une baisse à 4,33 % en juillet. Toutefois le mois de novembre a terminé sur son plus haut niveau depuis 6 mois, à 4,66 %. De son côté, l'ASF (Association Française des Sociétés Financières), note elle aussi la bonne santé du secteur des prêts à la consommation. Les crédits de trésorerie y compris le rachat de créances ont bondi de +6,7 % de janvier à novembre 2015, par rapport à la même période l'année dernière. Les financements de véhicules d'occasion ont gagné +8 % sur la même période, tandis que les crédits sur des autos neuves affichent une baisse de -2,6 %. En revanche le financement de voitures neuves en LOA (Location avec Option d'Achat) a littéralement bondi de +45,3 %, dépassant le crédit auto classique en termes de volume.