L'année dernière les Français ne se sont pas enrichis, mais ils ne se sont pas appauvris. C'est ce que révèle l'enquête de l'INSEE sur le patrimoine économique national en 2013. Ce dernier a augmenté de +0,1 % d'une année à l'autre, avec plusieurs disparités sectorielles. Quelques chiffres : la valeur patrimoniale nette des ménages se monte à 10 414 milliards d'euros. Cet ensemble est composé à 63 % d'immobilier, dont la part augmente chaque année. Les ménages français possèdent 10 414 milliards d'euros Si l'on annonce aux ménages français que leur patrimoine net se monte à 10 414 milliards d'euros, beaucoup vont s'étonner. Il s'agit pourtant de chiffres relativement précis, additionnant la valeur totale de ce que tous les ménages de France possèdent, et retranchant le montant de leurs dettes. Le montant des actifs non financiers (immobilier entre autres) de tous les individus se monte à 7 188 milliards d'euros, tandis que les actifs financiers atteignent 4 581 milliards d'euros. Enfin, l'ensemble du passif (dont encours total des crédits) atteint 1355 milliards d'euros, on obtient donc bien 10 414 milliards d'euros. Le patrimoine des ménages se compose à 64% d'immobilier Selon l'enquête économique nationale de l'INSEE, le patrimoine de tous les ménages se monte à 7188 milliards d'euros. Notons que ce chiffre comprend les entrepreneurs individuels, et les institutions sans but lucratif au service des ménages. L'immobilier et le foncier représentent 64 % de cet ensemble. La part des logements se monte à 3 356 milliards d'euros, et celle des terrains bâtis à 3 113 milliards d'euros. On compte également 173 milliards d'euros de bâtiment et génie civil. Cette valeur stagne en 2013 par rapport à 2012, due à une baisse des mises en chantier de logements neufs, ainsi qu'à un ajustement négatif de l'indice du coût de la construction. Ces 2 facteurs combinés entraînent un léger recul du prix des logements, compensé toutefois par une reprise des transactions immobilières en 2013. Au final la valeur patrimoniale des terrains bâtis et constructions augmente de +0,1 %, tandis que la totalité du patrimoine non financier recule de -0,1 %, ce qui équivaut à de la stabilité. Il s'agit en tout cas d'une amélioration par rapport à 2012, quand ce chiffre avait affiché -1,3 % par rapport à 2011. Les ménages français sont toujours attachés à l'assurance-vie L'actif financier total des ménages français continue sa croissance. Après une évolution de +5,5 % en 2012, on note toutefois un léger recul de +4,8 % en 2013. Les flux de placements détenus sont toujours importants, et beaucoup de titres ont été revalorisés au cours de l'année 2013. L'année dernière les foyers se sont tournés vers l'assurance-vie, avec un encours en augmentation de +3,8 % par rapport à 2012. Cette année-là avait également été un bon cru pour les assureurs, les ménages épargnant ayant augmenté leur encours de +3,2 %. En 2013 le Français moyen a joué la prudence, il s'est progressivement défait de ses actions et parts de fond. L'encours de ces derniers est toutefois toujours en augmentation (+8,8 %), avec toutefois une nette différence par rapport à la période 2011- 2012 (+16,4 %). Les grands perdants des placements en 2013 sont les obligations, dont l'encours au sein du portefeuille de l'épargnant français diminue de -6,6 %, après avoir augmenté de +10,8 % 2012. On se rend compte que le foyer fiscal contemporain est calculateur. L'année dernière déjà de nombreuses familles délaissaient les placements bancaires, pour conserver des sommes en numéraire sur leur compte. Le taux de rémunération des livrets n'est plus suffisamment attractif. En 2013 les placements bancaires inclus dans le patrimoine des ménages sont toujours en augmentation (+2,6 %), il s'agit toutefois d'une régression assez forte par rapport à 2012 (plus +4,7 %). Selon l'INSEE, le relèvement des plafonds du livret A et du LDD (Livret de Développement Durable) a fait long feu, les ménages en ont profité jusqu'à ce que l'effet s'atténue vers la fin 2013. Les Français empruntent plus, mais pas trop L'étude de l'INSEE montre que l'encours des crédits des ménages continue d'augmenter. Les dettes sont à mettre au passif, et diminuent la valeur du patrimoine. En 2013, l'encours d'emprunt a augmenté de +2 % par rapport en 2012, alors qu'il augmentait de +2,2 % pendant la période 2011 – 2012. La dette immobilière représentant la plus grande part du passif, il est évident que cette performance mitigée est liée au manque de dynamisme du marché. De 2001 à 2011, l'endettement des ménages a augmenté de +7,8 % par an. Il ne s'agit pas d'un mal, car en France on utilise pratiquement que le taux fixe, et le taux variable est capé. Toujours de 2001 à 2011, la part que représentait les logements augmentait de +5,7 % par an, tandis que celle représentant les terrains bâtis prenait même +14,2 %. On se rend compte de la crise du secteur de la construction, lorsque l'on regarde les évolutions sur toute cette période, entre le neuf et l'ancien. De 2001 à 2013, le patrimoine « logement » des ménages n'a cessé d'augmenter, même si cette augmentation s'est atténuée. Avec+2,8 % en 2012 et +1,6 % 2013, ce secteur s'en sort mieux que celui des terrains bâtis. La période 2011 – 2012 a été plutôt mauvaise avec -4,8 %, c'est d'ailleurs l'année au cours de laquelle le dispositif Scellier fut supprimé pour raisons de coupes budgétaires. Au cours de la période 2012 - 2013 la part de logements neufs dans le patrimoine des ménages français reste en diminution, à -1,4 %. Les ménages vont-ils revenir vers l'immobilier en 2015 ? Il faudra attendre décembre 2015 pour connaître le bilan de l'évolution du patrimoine des ménages français en 2014. Toutefois on sait déjà qu'il risque d'y avoir un retrait des placements bancaires classiques, pour privilégier la détention de capitaux sur des comptes courants. Au vu des rendements des marchés financiers, les assurances-vie avec support euros pourraient rapporter moins de 2,5 %. Quant aux classiques livret A et LDD, aujourd'hui leur taux est maintenu artificiellement à 1 % par l'État, alors qu'il devrait être de 0,75 %. Ces supports bancaires sont basés sur l'inflation, or celle-ci reste atone en zone euro malgré les efforts de la BCE (Banque Centrale Européenne). En revanche les taux de prêt immobilier sont au plus bas de mémoire d'économiste, et devraient rester ainsi en 2015. Les prix de l'immobilier ancien continuent leur ajustement à la baisse, avec parfois de réelles opportunités en périphérie de grandes métropoles. Au 1er janvier 2015 le dispositif de défiscalisation Pinel entrera en application. Il permettra à des ménages d'acheter de l'immobilier neuf, certes à des prix supérieurs à ceux de l'ancien, mais contre d'importantes remises d'impôt. Les professionnels de l'immobilier aimeraient que ces facteurs conjugués débouchent sur un retour des ménages vers l'immobilier. Dans la pratique il reste à réunir la condition sine qua non : la confiance en l'avenir.