L'actualité du jour, largement dominée par la Grèce, nous donne l'occasion de nous re-pencher sur la restructuration de dettes. Pour le premier ministre Alexis Tsiparas, cette opération consiste à trouver un repreneur qui aurait la gentillesse d'accepter ses conditions. Ce week-end il a presque quasiment claqué la porte au FMI, à qui il doit justement rembourser 1,6 milliards d'euros dans une semaine. L'approche peut-être discutable, et n'est certainement pas à recommander à un particulier souhaitant abaisser ses mensualités. Car que l'on soit un État ou un ménage de consommateurs, pour renégocier ses remboursements il convient de montrer patte blanche. Ces facteurs qui plaisent aux banquiers La garantie hypothécaire La restructuration de dettes intéresse les sociétés de crédit spécialisées, lorsqu'elle inclut la reprise d'au moins 1 prêt immobilier, et de plusieurs crédits à la consommation. Car l'apport de l'hypothèque d'un bien immobilier sert de garantie vers laquelle le prêteur peut se tourner, en cas de défaut de remboursement de l'emprunteur. Toutefois il est important de se rappeler que cette issue n'est absolument pas l'objectif d'une société de crédit, d'où l'importance de la stabilité professionnelle des demandeurs. Dans le cas de la Grèce, le FMI demandait une baisse des pensions de retraite et des salaires des fonctionnaires, garantie que le gouvernement refuse catégoriquement. Les plans précédents avait inclus la vente de sociétés de service public, afin d'apporter de l'argent frais dans les caisses de l'État grec. Dans la pratique, on demandera aux particuliers de ne faire qu'un seul emprunt, regroupant ses actuelles dettes de consommation et immobilières. S'il préfère ne pas renégocier son prêt immobilier mais rediscuter uniquement ses crédits conso, il lui sera plus difficile de trouver un repreneur. La stabilité professionnelle On ne prête pas qu'aux riches, on prête à ceux qui sont en position de rembourser. C'est précisément ce qui fait défaut à la Grèce aujourd'hui, ainsi qu'à tous les particuliers ne possédant pas de contrat de travail en CDI. Il existe des banques qui acceptent d'accorder des prêts immobiliers et des rachats de crédit à des ménages dont l'un travaille en CDD, ou en intérim. Toutefois dans le meilleur des cas il est nécessaire de faire preuve de 18 mois d'activité professionnelle ininterrompue, voire 24 mois. Il est également essentiel que l'un des 2 co-emprunteur dispose d'un emploi « stable », c'est-à-dire en CDI ou en tant que fonctionnaire titularisé. La Chine et le Japon prêtent de l'argent en toute confiance aux États-Unis, car le pays possède d'énormes réserves naturelles. Les investisseurs institutionnels achètent des bons du trésor français, car la patrie de Molière jouit d'une capacité à lever de l'impôt rapidement, et en masse. En clair, les USA et la France sont de bons emprunteurs, car ils ont l'outil de production nécessaire pour rembourser. Non seulement la Grèce n'en a pas, mais elle est mauvais payeur. Des comptes bancaires toujours dans le vert Un ménage travaillant en CDI depuis de longues années dans la même entreprise, pourrait avoir du mal à faire restructurer ses dettes, même avec une solide garantie hypothécaire si leurs comptes bancaires sont souvent dans le rouge. Les banques apprécient ces ménages qui épargnent une partie de leur salaire sagement à la fin de chaque mois. Les sociétés de crédit sont moins regardantes, mais plus chères. Dès lors qu'un pays est un habitué des plans de restructuration, il est obligé d'emprunter plus cher sur les marchés, car plus personne ne veut lui prêter. Si d'ici à une semaine la Grèce n'arrive pas à emprunter à l'Union Européenne pour rembourser le FMI, ou si le gouvernement Hellène n'arrive pas avec une proposition suffisante pour convaincre les ministres européens des finances de convaincre Christine Lagarde, l'État grec sera en défaut de paiement. Il ne pourra donc plus bénéficier des secours du fonds monétaire international, et ses ressources de financement se rétréciront ont davantage. Comment restructurer les dettes des particuliers Étude de la marge hypothécaire par rapport à la dette Le travail du courtier en rachat de crédit consiste à déterminer la marge hypothécaire, c'est-à-dire la différence entre la valeur marchande du logement, et la dette immobilière qui court. Par exemple, une maison estimée à 250 000 €, sur laquelle il reste encore 100 000 € à rembourser, présente une valeur de 150 000 € aux yeux d'un financier. Là-dessus, dans le meilleur des cas il acceptera de restructurer les dettes à hauteur de 80 % de ce montant, soit 120 000 €. Calculer les frais de l'opération Un rachat de crédit comporte des frais. Tout d'abord les pénalités de remboursement anticipé sont quasi inévitables, car on obtiendra bien souvent le taux le plus intéressant auprès de la concurrence. Dans cette configuration, une banque ou une société de crédit rachète l'ensemble des dettes souscrites chez une concurrente, cette dernière applique alors des indemnités, comme elle en a le droit. Ces pénalités se limitent à 3 % du capital restant, ou à la somme des 6 prochains mois d'intérêt, le plus petit montant étant appliqué. On doit tabler également sur des frais de dossier, tant du côté du courtier que du côté du prêteur. Cependant lorsqu'un dossier est bien fait, ces frais viennent s'ajouter à la dette, les emprunteurs peuvent ainsi diminuer leurs mensualités, sans avoir à utiliser un capital personnel. Déterminer la durée des remboursements Lorsque les circonstances le permettent, un ménage pourra abaisser ses mensualités, tout en conservant la même durée de remboursement. Il paiera ainsi moins d'intérêt sur la durée, et gagnera en pouvoir d'achat. Toutefois certains ménages n'en ont pas la possibilité, pour avoir accumulé des crédits à la consommation, finissant par peser lourd sur son budget. Dans ce cas on allonge la durée des remboursements, jusqu'à ce que l'on obtienne des mensualités suffisamment faibles. Ce ménage paiera plus d'intérêt sur la durée, mais gagnera en pouvoir d'achat. Selon les taux nominaux initiaux, autant pour les prêts immobiliers que les crédits à la consommation, il est possible d'abaisser ses mensualités de plus de 1000 €. Le contribuable grec n'a pas le choix, il est obligé d'accepter de longues durées de remboursement, afin de donner de l'air au budget de son pays. Le problème est cependant beaucoup plus délicat : car la simple vérité est que l'État grec n'arrive pas à payer ses échéances.